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AZF

Arrrête j’ai peur !

Le jeudi 18 mars 2004.

On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Visiblement, nos bons vieux flics des Renseignements généraux sont en train de faire les frais de cet apophtegme plein de bon sens avec cette stupéfiante histoire d’AZF. Rira bien qui rira le dernier.

Tout concourt à ce que le doigt soit désormais pointé sur les carences de cette noble institution. Le crime profiterait donc à Sarkozy pour que cet État dans l’État révèle devant nos yeux ébahis son impuissance à nous protéger et que par conséquent son existence soit remise en cause. On va quand même pas s’en plaindre plus que ça non plus…

Feinte ou avérée la menace est là et bien là et il faut bien trouver des coupables et se remuer un peu le popotin. Pour se le remuer, il a simplement suffi d’attendre les fuites de la presse qui, soit dit en passant, s’est écrasée pendant un moment montrant là sa belle indépendance, fuites donc qui ont eu pour conséquence de faire faire des heures supplémentaires aux cheminots. Si j’étais à la place des RG, je voudrais pas donner des conseils mais c’est par là que j’irai chercher. Qui dit heures supplémentaires dit salaires plus élevés, dit cotisations syndicales plus fortes. Hum, hum, l’affaire est claire patron…

Mais le plus farce de l’affaire est de constater que même les bourrins du ministère de l’Intérieur ont de l’humour. Entre l’affriolante Suzy et son gros loup bellâtre il y a de quoi se tordre les boyaux. On savait que les voyous et les flics se respectaient parfois, on est entre hommes après tout, mais de là à s’embrasser sur la bouche. Eh ! les mecs si vous faites des enfants ne les noyez pas tous, et gardez-nous au moins des dragées !

Cette histoire de dingos aura sans doute servi à remettre quelques carnets d’adresses à jour par l’intérêt soudain accru pour les cibles préférées de nos zélés spécialistes du renseignement intérieur. Jeter la suspicion sur les anarchistes, les Corses, les Basques, les indépendantistes, l’extrême droite, les sectes, les altermondialistes et, pourquoi pas, la CFDT pendant qu’on y est, illustre soit l’incapacité patente et crasse de l’État devant ce genre d’affaire, et c’est plutôt rassurant pour l’avenir, mais peut-être aussi et c’est plus inquiétant la capacité de nuisance par la manipulation qui reste intacte. Les diverses administrations majeures n’en sont pas à un coup tordu près, et l’approche des élections régionales, le climat social qui se détériore jour après jour, autant de sujets d’actualité qui méritent d’être exploités car les risques de dérapage sont importants. Rien de tel qu’une bonne vieille trouille des familles pour montrer que l’État est là et qu’il les a bien accrochées. Il manquerait plus que la CFDT fasse du syndicalisme ou que le prince Rainier casse sa pipe. C’est ça le secret des ambiances réussies.

Jipé