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Réprimons, réprimons, réprimons

Le jeudi 18 mars 2004.

Ça y est, Sarkozy a enfin compris, il semble, qu’à la répression était préférable la prévention, et pour ça, il vient d’ébaucher un « projet de loi sur la prévention de la délinquance. » Si le titre peut sembler prometteur, les articles, eux, sont dignes de ce qu’on pouvait attendre du premier flic de France.

Celui dont on a le plus entendu parler reste l’article 11 incluant que « tout professionnel qui intervient au bénéfice d’une personne présentant des difficultés sociales, éducatives ou matérielles est tenu d’en informer le maire » qui veillera à ce que l’info circule dans les commissariats et les gendarmeries locales ! Ce n’est ni plus ni moins un devoir de délation auquel ce projet de loi cherche à soumettre les éducateurs, animateurs de quartier et assistants sociaux.

Sarko, dans sa bonté infinie, se voit le devoir de créer une dotation pour permettre aux villes d’installer des équipements de sécurité dans les lieux de délinquance possible tels que les transports en commun et les bahuts. Mais que sont les équipements de sécurité ? Juste des cameras qui seront toutes reliées aux différents pandores veillant sur la municipalité !

L’article 10 dont le nom explicite est : « Inciter les collectivités locales à l’investissement dans les instituts de rééducation, les centres éducatifs fermés et les internats publics » nous permet d’apprécier quel visionnaire est le ministre préféré des Français qui n’a pas manqué de se rendre compte qu’à force de nouvelles lois, il lui faudrait encore plus de prisons qu’il n’a été prévu d’en construire.

L’éducation, enfin, tient une place essentielle dans la prévention de la délinquance. Et pour mieux contrôler des jeunes qui ne se sentent plus l’envie d’aller s’instruire dans les établissements scolaires de la république de façon assidue, la solution est trouvée : des contraventions de 4e classe, ainsi qu’une obligation pour les parents de suivre des stages d’aide à la parentalité tous frais payer par… eux-mêmes, car c’est évident, c’est bien chez les rupins que se trouvent la majorité des élèves qui ne se sentent pas à leur place dans le système scolaire.

Tous les professionnels de l’éducation, de la prévention et du soin sont transformés en policiers, sous la houlette du maire : les médecins et infirmières scolaires, surveillés par des "comités d’éducation à la santé", les parents et les assistantes sociales, surveillés par des "comités pour le respect des droits et devoirs des familles", les professeurs sous contrôle des "cellules de veille éducative" transmettront au maire (qui n’est pas tenu au secret professionnel) les noms des graines de délinquants, afin de les ficher nominativement.

Enfin, cette loi aborde un dernier point sur les « dispositions relatives à l’intégration », qui est de faciliter la résiliation d’un bail par un bailleur social en cas de troubles du voisinage par un renforcement des moyens juridiques et administratifs.

Parce que nous n’accepterons jamais de vivre sans rien dire dans un pays de flics, de matons et d’indics, soyons nombreux à manifester notre soutien à l’abrogation de ce projet de loi le mercredi 17 mars 2004 à 12 h 00, place des Gobelins, à Paris.

Karim, groupe Idées noires