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éditorial du nº 1323

Le jeudi 5 juin 2003.

« Nous ne sommes pas sur le même trottoir que les mouvements sociaux, mais nous marchons dans la même rue… », déclarait le dirigeant du PS à Porto Alegre. Hé non, garçon ! C’est bien là que réside ton souci. Vous, les politiques, tour à tour démagogues et bonimenteurs, une fois au pouvoir vous servez les intérêts d’une minorité de profiteurs au mépris d’une population prétendument représentée par votre mandat électif. Vous ne serez jamais de ce monde. Le nôtre. Celui qui transpire la plus-value se fait exploiter avec la crainte de perdre son emploi, son toit, ou de ne plus pouvoir bêtement rembourser des crédits destinés à payer tous ces machins qu’on ne choisit même pas de fabriquer, et engraisse un peu plus le capital. Peur également de la trique, de la camisole chimique ou de la prison offerte aux récalcitrants, insoumis et délinquants sociaux. Alors, la rue, quand vous l’empruntez, ce n’est jamais dans nos quartiers, ou alors vous êtes pas fiers et escortés. On se rappelle des crachats de jeunes banlieusards honorant avec fièvre la face de l’heureux candidat à la présidentielle du printemps dernier. La misère vous fait peur, et la révolte davantage. On sourit aussi d’apprendre qu’à Annemasse, les camarades du village libertaire, le VAAAG, ne se sont pas privés de vous chahuter. Hélas, la garde mobile mononeuronale a répondu présent pour vous éviter les coups de pied au cul.

Tiens, à propos de coups de pied, il y en a qui se perdent chez une autre variété de guignols : les dirigeants syndicaux. La colère sociale est telle qu’ils se sont abstenus d’imiter pour l’instant leur collègue social-traître de la CFDT. Le mouvement ne peut s’éteindre d’un regard prime ministériel sur le petit écran ! Pas plus avec les promesses de fermeté du Président (vraiment, quelle virilité pour son âge !) qui a bien connu 1968 mais, là aussi, de l’autre côté. Pas du nôtre !

Aussi, les chefs confédéraux démissionnaires depuis des lustres de toute volonté de remettre en cause ce fichu système — et d’œuvrer à une société plus égalitaire — flageolent sur leurs guibolles à l’idée de se faire déborder par une radicalisation des luttes. Ben alors, elles temporisent, elles encouragent le mouvement à se maintenir et s’étendre (sic). S’étendre dans quel sens souhaité ? En ce qui nous concerne, nous voyons d’un très bon œil les germes de radicalisation s’accompagnant de mise en place d’assemblées générales, de coordination interprofessionnelle ou inter-établissements qui s’avèrent d’excellents outils quand ils restent sous contrôle des intéressés.