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La Dure journée de Thomas

Le jeudi 5 juin 2003.

Les dangers de la décentralisation et de la réforme des retraites



8 heures : Thomas, élève de seconde, franchit l’entrée sans contrôle. Les deux retraités embauchés par l’établissement ont bien du mal à regrouper les vingt classes : plus de surveillant ? Thomas rejoint ses 38 camarades et découvre avec surprise un nouvel intervenant en mathématiques, le troisième de l’année : plus d’enseignants titulaires ?

9 heures : il va forcément en anglais ; il aurait aimé étudier l’allemand mais, depuis la rentrée, la discipline a disparu : plus de crédits du conseil régional pour cette classe ?

10 heures : dans l’escalier fraîchement tagué, au milieu des bousculades, il évite les souillures et les crachats au sol : plus d’agent d’entretien pendant la journée ?

10 h 20 : il retrouve avec joie son professeur d’histoire de 70 ans, absent depuis deux mois et non remplacé : plus de professeurs remplaçants ?

11 heures : il se rend en salle d’informatique tout seul, sans aide : plus d’aide éducateur ? Il ne pourra travailler que dix minutes au clavier car la moitié des ordinateurs est hors service : plus de maintenance du réseau ?

Enfin midi ! La cantine ! Un employé de la société de restauration privée lui remet son plateau repas : plus de cuisine préparée sur place ? Pendant que, par la fenêtre, il observe ses petits camarades manger un sandwich (plus de fonds sociaux ?), un grand de terminale lui subtilise son dessert : toujours pas de surveillant ?

Ainsi se déroule sa journée et même s’il souffre de cette situation, pas question de trouver de l’aide auprès de l’assistance sociale ou du médecin scolaire : plus de personnel médico-social ? En ce qui concerne son avenir, il aimerait entrer en BTS pour reprendre la menuiserie de Tonton : plus de section ouverte ? Quant à son frère, il voulait entrer en CAP Bois : pas de filière à la rentrée ? À qui en parler ? Plus de conseiller d’orientation psychologue ?

Et Thomas a une petite sœur, en primaire, qui n’est pas mieux lotie et qui rencontre les mêmes difficultés.

Ce scénario catastrophe est une réalité qui se profile pour nos enfants dès la rentrée, à cause des mesures de décentralisation.

Michel, groupe la Pierre noire, Cantal