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Évian : pari tenu !

Le jeudi 12 juin 2003.

Tel pourrait être en quelques mots le bilan de la Claaac G8 ! (Convergence des luttes antiautoritaires et anticapitalistes contre le G8).

Né lors d’une réunion nationale du mouvement libertaire un 8 décembre 2002 dans les locaux de la librairie la Plume noire à Lyon, l’aventure de la Claaac s’est petit à petit affirmée en regroupant dès janvier 2003 la plupart des organisations libertaires françaises et suisses avant de s’élargir ces dernières semaines au plan européen (voir ci-après, le communiqué de la Claaac).

L’objectif de la Claaac était simple : faire exister un pôle politique et syndical anticapitaliste, antiautoritaire, antipatriarcal et révolutionnaire qui soit autonome des courants réformistes, des ONG et de tous ceux et celles qui veulent simplement humaniser le capitalisme ; permettre au mouvement libertaire de se présenter comme une alternative politique et sociale au système de domination et d’exploitation actuel.

Afin de réaliser cet objectif, les organisations membres de la Claaac avaient décidé de mener une campagne commune de protestation contre les « saigneurs du G8 », de s’impliquer dans l’organisation du Village alternatif, anticapitaliste et anti-guerre (VAAAG) et d’organiser un cortège noir et rouge commun lors de la manifestation internationale du dimanche 1er juin.

Sur ces trois points, il est indéniable aujourd’hui que le pari a été réussi. La campagne commune qui fut lancée à Genève à l’occasion des réunions internationales de préparation de l’anti-G8 le 1er mars dernier a permis de populariser les cinq thèmes de mobilisation que nous avions retenus (l’anticapitalisme, l’antimilitarisme, l’antipatriarcat, la défense de la liberté de circulation et la promotion de l’action directe comme forme d’implication sociale). Pus de 30 000 affiches ont été diffusées, 60 000 autocollants et 35 000 exemplaires d’un journal de campagne sorti en deux numéros. En rassemblant entre 5 000 et 7 000 personnes selon les observateurs, l’imposant cortège noir et rouge de la Claaac dans la manifestation du dimanche 1er juin a permis de montrer que le mouvement libertaire est une force incontournable dans le paysage politique et social actuel. Enfin, en s’impliquant pleinement dans la préparation et l’organisation du Vaaag, via la participation aux collectifs locaux, les militant(e)s de la Claaac ont montré que l’anarchisme n’est pas seulement une force de contestation et de protestation mais aussi une forme d’alternative sociale porteuse de pratiques autogestionnaires concrètes. La force du mouvement libertaire réside bien dans cette capacité à allier la contestation aux expériences d’alternatives sociales. Et c’est pleinement ce qui a été réalisé lors de cette campagne !

En travaillant ensemble, en menant cette campagne de façon unitaire, les libertaires ont montré que ce qui les rassemble est beaucoup plus important que ce qui trop souvent les divise. Nul doute que l’ampleur du monde, qui a largement débordé le simple cercle des militant(e)s, tout comme l’impact de notre initiative sont bien supérieurs à l’addition des simples sphères d’influence des organisations membres de la Claaac. La mise en commun de tous nos moyens et réseaux, la démarche collective et unitaire, notre capacité à parler d’une seule voix face aux autres composantes du mouvement social, le tout sur un objectif concret et précis, expliquent en grande partie la réussite de cette campagne et prouve notre capacité à peser sur le fil des événements et des mobilisations sociales. Nul doute que, tout en respectant la sensibilité de chacune de nos organisations, une telle réussite en appelle d’autres, que nous devons être capables d’agir de nouveau ensemble, de façon transversale, afin de peser sur le cours des choses et de prouver qu’un autre futur est possible ! La barbarie du système actuel nous l’impose camarades !

David, FA, groupe Kronstadt, Lyon