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Plus de trente ans de guerre mondiale contre les drogues

Le jeudi 12 juin 2003.

L’objectif est clair : éradiquer de la planète un certain nombre de substances. Les conséquences : des millions de personnes enfermées dans des geôles, des milliards de dépensés. En France, le nombre d’interpellations sur une année est de 100 000 (dont une majorité pour simple usage de cannabis). C’est une véritable armée mondiale de plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires, des différents organismes des douanes, des services spécifiques de police, des services spécifiques de l’ONU, etc.

Pourquoi ?

La prohibition répond à une volonté d’imposer un ordre moral (où le plaisir est tabou ou tout simplement un interdit), à un objectif d’unité nationale autour de valeurs communes ; mais surtout à un objectif de contrôle social.

Contrôler une population avec les lois anticasseurs, anti-jeunes, etc. La paupérisation (croissance des inégalités, etc.) ne s’inscrit pas dans le cadre d’une économie croissante. Et c’est dans cette source d’inégalité qu’il faut voir, qu’il faut analyser la mise en place d’une politique sécuritaire. Car par le mot sécurité, ce n’est pas la sécurité des populations et des personnes qui est le premier objectif, mais bien la sécurité des biens produits et donc la sécurité des classes aisées. Il faut donc instaurer des outils de contrôle des populations, des cités, etc.

Une manne financière et un enjeu géopolitique

L’argent qui sort du marché de la drogue dépasse le pouvoir financier des banques centrales européennes (Monde diplomatique, avril 2000). De telles sommes ne peuvent qu’attirer les convoitises des capitalistes et des tenants du système. Comment nous faire croire que l’on ignore les circuits de blanchiment de telles sommes ? Comment nous faire croire que l’on ignore le nom des banques, des casinos, des grandes entreprises qui participent directement ou indirectement à ce marché ? Comment ne pas voir dans ces sommes colossales une opportunité extraordinaire pour les États afin de financer des contre-guérillas, des services secrets ? Comment ne pas y voir un outil de contrôle des États, avec un discours des USA similaire à celui du terrorisme : « Vous produisez, vous exportez, on ne dit rien si vous vous soumettez à nos conditions sociales et économiques. »

Réduction des risques

La fin des années 80 va connaître un certain progrès pour quelques substances comme l’héroïne : distribution de seringues, programme de substitution, etc. Les usagers (dans le milieu médical, on les appelle automatiquement des toxicomanes, car tout usager est un malade en puissance) sont passés de la sphère pénale à la sphère médicale : progrès relatif car il s’appuie de nouveau sur un mensonge qui consiste à nier l’usage récréatif que l’on peut avoir de certaines substances.

Que faire ?

De la prévention, bien sûr (pour dire comme tout le monde). Mais comment faire de la prévention dans le cadre d’un interdit (qui criminalise l’usager) ? Mais comment faire de la prévention dans le cadre d’un système libéral, basé sur la recherche du profit, sur une course perpétuelle à produire plus. Que les produits soient illicites, qu’ils soient distribués sous contrôle médical, ou tout simplement par un biais commercial classique (alcool, tabac, etc.), le commerce des psychotropes est libéral. Or le productivisme (conséquence du libéralisme) et l’action de prévention sont des valeurs antinomiques. Défendons un système associatif, coopératif porteur de valeurs de solidarité et de prévention. Autoproduction…

Commission anti-prohibition de la Fédération anarchiste
ACLN, BP 60221, 44002 Nantes cedex 1