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Le CPE, contrat de précarité et d’esclavage

Le jeudi 2 février 2006.

Le gouvernement continue et accentue sa politique antisociale de démolition des acquis sociaux et du droit du travail. Nouvel avatar prévu pour les jeunes, le « contrat première embauche » qui instaure, comme le « contrat nouvelle embauche », une période d’essai de deux ans durant laquelle le patron peut virer les gens du jour au lendemain par une simple lettre recommandée avec accusé de réception.

La bataille idéologique a commencé au niveau des médias pour nous faire accepter ce nouveau contrat, et le gouvernement nous traite encore de « réactionnaires ». Rappelons-nous les propos de Mme Parisot, nous incitant à accepter la précarité du travail puisque tout dans la vie est précaire (l’amour, la santé). C’est justement parce que tout est précaire que le mouvement ouvrier s’est doté de formes de solidarité sociale (assurance chômage, maladie, mutuelles, etc.).

La crainte que l’on puisse avoir, c’est justement par rapport à la représentation du travail chez les jeunes. Nombreux sont celles et ceux qui ne se voient pas faire le même boulot pendant quarante ans. Cet état d’esprit peut très bien être mis à profit par le gouvernement et le patronat. Ils oublient un peu vite que le « contrat à durée indéterminée » n’est pas une communion avec l’entreprise qui deviendrait sa nouvelle famille (avec le patron pour papa, beurk !), mais qu’il offre une sécurité en matière de droit du travail, des droits supplémentaires, des indemnités en cas de licenciement, des droits à la formation.

Dire que le CPE est un CDI, mais avec une période d’essai de deux ans, est une vaste escroquerie. Dire que les jeunes auront droit à des indemnités quelle que soit la durée de travail est une vaste escroquerie. Dire que les jeunes auront droit à de la formation professionnelle est une vaste escroquerie.

Non aux luttes divisées

De leur côté, que préparent les syndicats et les autres organisations « représentatives » ? Une manifestation, le 7 février, soit une semaine après sa discussion au Parlement. Le temps de mobiliser, me direz-vous. Du temps perdu, oui. De leur côté, les fonctionnaires sont appelés à manifester le 2 février pour la défense du pouvoir d’achat. Triste perspective d’une journée molle dont on n’attend que peu de choses si ce n’est la perte d’une journée de salaire. Sûr qu’avec ces minigrèves clairsemées tout au long de l’année, on va aider l’État à boucler son budget ! On pourra alors réclamer des miettes.

S’organiser pour mieux lutter

Certes, il faut du temps pour faire passer l’info et s’organiser — d’où le rôle et l’utilité des syndicats et autres collectifs, réseaux, groupes de lutte permanente dont la réactivité doit être rapide et efficace. Les jeunes lycéens ont gardé les réseaux de lutte de l’année dernière et sont prêts à repartir dans la bataille, même si certains en ont soupé des coups de matraque, des procès, des intimidations de toutes sortes.

Comme toujours, c’est de la base que doit venir l’esprit de révolte. Les jeunes commencent à s’organiser. Espérons qu’ils seront présents dans la rue le plus tôt possible, qu’ils rejoindront les cortèges syndicaux (du 2 février, par exemple) en les dynamisant.

Les mois prochains doivent permettre de faire le lien entre tous les travailleurs (du privé et du public), les privés d’emploi et les futurs salariés :
— Pour la défense et l’amélioration des salaires, mais aussi des conditions de travail, pour la réduction du temps de travail et l’embauche sur la base de CDI,
— Pour le partage des richesses, c’est-à-dire l’arrêt, y compris violemment, de la spéculation boursière, la réappropriation des
biens par la collectivité.
— Pour la mise en place d’alternatives et d’expérimentations sociales anticapitalistes, pour la réappropriation par les salariés des entreprises en liquidation. Les anarchistes ont toute leur place dans ces combats.

Fred groupe Proudhon FA, Besançon