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éditorial du nº 1425

Le jeudi 9 février 2006.

Comment faut-il nommer ce début de XXe siècle ? Grand bond en arrière ou régression tous azimuts, on sait plus que penser. Tout ce que le mouvement ouvrier avait gagné sur les profits patronaux, protection sociale, qualification professionnelle reconnue… tout ce qui constituait le Code du travail part en lambeaux. Côté culture, Les Bronzés 3 (dont au moins deux acteurs sont amis du ministre de l’Intérieur !) fait un tabac au boa office. Henri Langlois, figure emblématique de la Cinémathèque française, doit se retournée dans sa tombe.

Côté débat d’idées, ce qui reste du « siècle des Lumières » semble bien assombri par l’obscurantisme religieux. Aux oubliettes Voltaire, Diderot et Beaumarchais (« Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur », toujours à la une du Figaro !).

Dans l’affaire des caricatures de Mahomet, tout le monde, dessinateurs de métier ou pas, a en tête des dessins satiriques d’il y a vingt ou trente ans et se demande si aujourd’hui ils pourraient être publiés ou pas. Cela concerne tous les dessins et caricatures et pas seulement ce qui en ce début de février 2006, agite les médias. Reiser, collaborateur émérite de Hara-Kiri des années 1960, ne pourrait-il pas être interdit aujourd’hui ? L’intégrisme religieux se nourrit de la pauvreté et de l’inculture, mais tant qu’il s’accommode des lois du marché, il a droit au respect des partisans politiques de l’État policier.

Il n’y a pas eu en Europe de caricature de Bouddha, de Brahma ou de Shiva, donc le métallurgiste indien de Mittal Steel peut continuer son OPA sur Arcelor dans un nouvel épisode de la bataille de l’acier. En Inde, dans les chantiers d’Alang qui sont censés accueillir le Clemenceau et son amiante, les travailleurs sont payés de 1 à 2 piastres par jour (30 à 60 euros par mois). Ils proviennent en majorité de provinces « arriérées », de souche paysanne, pauvres et analphabètes. Le capitalisme à la sauce indienne peut se montrer conquérant dans la vieille Europe !

Il y a quelques années, aux « Chroniques syndicales » de Radio libertaire, nous avions reçu des camarades de Citroën Aulnay qui nous racontaient comment. ils avaient été recrutés au Maroc dans le Haut-Atlas. Ils avaient des muscles et ne savaient pas bien lire et écrire. Quelque années plus tard en France, ils étaient syndiqués et en grève. La même chose peut arriver en Inde !

Quant à notre douce France et à la bataille du contrat première embauche, ça suit son bonhomme de chemin. On aimerait être sûrs que ça aille plus loin.