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éditorial du nº 1426

Le jeudi 16 février 2006.

On nous manipule, ça pue !

Afin de casser le Code du travail, pour fournir au patronat une main-d’oeuvre flexible et corvéable à merci, le gouvernement nous présente comme une avancée sociale sa loi sur « l’égalité des chances », qui ramène à 14 ans l’âge d’entrée en apprentissage et prolonge la période d’essai des contrats de travail à deux ans. Faisant suite à plusieurs décennies de politique contre le chômage consistant à faire cadeau aux patrons des charges sociales ou des taxes professionnelles, et parallèlement à jongler avec les chiffres et multiplier les radiations pour trafiquer les statistiques, cette loi s’inscrit dans la lutte du patronat contre les droits des travailleurs. Sous les sacro-saints prétextes de la compétitivité et de l’économie de marché, on cherche à nous faire croire que les maigres droits qu’ont acquis ceux-ci en plus de cent ans de luttes sont maintenant obsolètes. De fait, c’est le rapport de force qui a changé. Les grandes centrales syndicales, survivant plus de par les subventions gouvernementales et patronales que par les cotisations de leurs adhérents, ne sont plus le relais des revendications des travailleurs, mais les accompagnants des politiques gouvernementales servant à faire passer la pilule. Preuve en est la manifestation du mardi 7 février dernier, où l’appel à manifester n’était pas accompagné, au niveau confédéral, d’un préavis de grève ; cela ressemble à un sabotage visant à limiter l’ampleur des manifestations.

Le résultat est là, après le médianoche de quelques dizaines de parlementaires attardés pour adopter l’amendement sur le CPE, Galouzeau de Villepin usa du stratagème de l’article 49-3 de la constitution pour imposer cette loi au mépris de la démocratie.

Dans le monde Cependant, l’affaire dite « des caricatures de Mahomet » est un bon exemple de manipulation médiatique de l’opinion, d’un bord comme de l’autre. D’un côté le clan de ceux voulant nous faire croire au choc des civilisations, qui sous prétexte de liberté d’expression, publient des caricatures servant à stigmatiser l’intégrisme de certains musulmans. De l’autre côté des leaders musulmans qui sautent sur l’occasion pour affirmer leur emprise sur leurs coreligionnaires en dénonçant là-dedans la décadence de l’Occident. Les lobbies militaro-industriels, soutenus par le méthodiste évangélique président des États-Unis, se frottent les mains et jettent de l’huile sur le feu en dénonçant la Syrie et l’Iran comme les maîtres d’oeuvre des manifestations contre les ambassades, engrangeant ainsi de nouvelles raisons pour déclarer la guerre a ces tenants de ressources pétrolières indispensables à leur développement.