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éditorial du nº 1428

Le jeudi 2 mars 2006.

Le gouvernement français, en la personne de Galouzeau de Villepin a clairement affiché ses préférences libérales en acceptant d’annexer le groupe GDF, monopole français de l’énergie gazière, au groupe financier Suez né au 19e siècle d’un scandale financier, et qui depuis est passé maître de la manipulation des marchés financiers au détriment des contribuables français. Notre champion de la concertation a mis toutes les organisations ouvrières, y compris les plus collaboratrices devant le fait accompli. Cette fusion d’une entreprise gérant l’énergie avec un groupe financier nous entraîne à faire le parallèle avec la compagnie américaine Enron, dont la faillite retentissante a mis en évidence l’incompatibilité de l’inféodation d’un secteur stratégique de l’économie telle que l’énergie à un groupe financier. Le secteur de l’énergie est consomptible pour l’économie de marché.

Enron éleva la doctrine libérale à son paroxysme en soutenant son action en Bourse, qui n’était basée que sur les spéculations fictives des bénéfices futurs présumés, en exploitant la dérégulation du marché de l’énergie pour piller l’État californien. Ce sont les contribuables californiens qui ont été ainsi racketés de milliards de dollars avec la complicité active de l’administration fédérale, avec à sa tête George Bush. Il faut dire qu’une campagne présidentielle coûte cher, et souvenons nous qu’Enron fut un des principaux contributeurs de la première campagne présidentielle de George Bush. Le futur candidat de l’UMP peut-il se passer du soutien du groupe Suez ?

L’UMP nous montre encore une fois que peu importe l’opinion des habitants de ce pays, seuls comptent les intérêts des principaux acteurs économiques, c’est à dire du patronat.

Le CPE, émanation directe du MEDEF, syndicat patronal dont ce parti est le représentant politique direct, a été imposé par la majorité présidentielle au moyen de l’article 49-3 de la constitution qui permet de faire acte de dictature à partir du moment où la majorité parlementaire ne s’y oppose pas. Mais les principaux intéressés ne veulent pas se laisser dépouillés de leurs droits sans rien dire. Déjà les lycéens, étudiants et précaires s’organisent, et nous les verront dans les semaines à venir manifester leur mécontentement. Mais nous ne devons pas les laisser seuls devant l’injustice ; c’est à tous ceux qui n’ont pour survivre que leur force de travail à négocier avec les tenants du capital d’être solidaires de ceux dont nos gouvernant veulent faire l’avant-garde des cerfs des entreprises libérales de demain.