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éditorial du nº 1430

Le jeudi 16 mars 2006.

Il y a peu, dans ces pages, nous regrettions la mollesse des étudiants parisiens, l’opposant à la franche — détermination de leurs homologues de province. Depuis, la Sorbonne s’est transformée en lieu symbole du mouvement anti-CPE. D’occupations en barricades, de journées d’actions en coups d’éclat, les sorbonnards ont su ridiculiser la police, passant par la fenêtre quand elle gardait la porte, obligeant Sarkozy à rentrer précipitamment des Antilles. À Poitiers, Rennes, Caen, Nantes, Tours, Toulouse, Lille, Marseille… les mêmes scénarios se sont répétés, les AG font salle pleine et partout la jeunesse demeure mobilisée, partout elle crie son refus de la précarité. Elle le crie si fort et si bien qu’elle est en train de réussir là où, en 2003, ses aînés ont échoué : grâce à elle, le pouvoir commence à perdre son sang-froid. Quand on envoie des CRS plutôt que des négociateurs, quand on tente de coller aux étudiants qui occupent pacifiquement les facs l’étiquette d’activistes violents, c’est qu’on commence à prendre peur. Si les dirigeants ont la trouille, c’est aussi parce qu’ils constatent un rapprochement de fait entre des mouvements jusque-là plutôt isolés. Intermittents du spectacle, sans-papiers et chômeurs se joignent aux cortèges étudiants, participent aux occupations et blocages dans les facs, et font évoluer les mots d’ordre, lesquels ne se cantonnent plus à la seule volonté de voir abroger le CPE. Pourtant, si progressivement les luttes tendent à se fédérer, manque un absent de taille : la banlieue. Pour peu qu’elle « se réveille », comme disent les médias officiels qui la pensent, à tort, endormie, les conditions seraient réunies pour un véritable mouvement de l’ensemble de la jeunesse, alliée bien sûr aux travailleurs : Dans cette perspective, les classes dirigeantes auraient cette fois réellement de quoi se faire du mouron. Les anarchistes souhaitent vivement non seulement la réussite du mouvement anti-CPE qu’ils soutiennent activement, où qu’ils se trouvent, depuis le début, mais aussi son élargissement. Le CPE n’est, en somme, qu’une mesure parmi d’autres dans la guerre menée contre le peuple par les tenants du capitalisme. Pour l’heure, les propositions faites dimanche par un de Villepin aux abois sont bien sûr irrecevables. Nous irons jusqu’au bout, le printemps sera brûlant. Et le printemps, c’est lundi.