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Jours de grève à la Sorbonne nouvelle

Le jeudi 16 mars 2006.

Les étudiants et le personnel de l’université Sorbonne nouvelle — Paris III sont , en grève depuis maintenant deux semaines pour les étudiants, treize jours pour le personnel enseignants et IATOSS. Ils ont fait le choix de l’action contre le CPE et le CNE et contre la destruction des droits des salariés. Cette grève est accompagnée d’un blocage de l’université. En tête durant la manifestation du 7 mars, Censier constituait le plus gros cortège sur Paris avec 2 000 étudiants, enseignants et IATOSS. Ce qui nous a valu de faire la une du journal britannique Times et le titre de fac « leader » du mouvement à Paris.

Les assemblées générales des étudiants regroupent chaque jour de 500 à 1 000 étudiants dans un amphi plein à craquer. Depuis deux semaines elles reconduisent chaque jour le blocus. Jusqu’à aujourd’hui les étudiants ont eu une organisation extrêmement efficace. Sept commissions fonctionnent en permanence, pour aménager le temps restant entre deux AG et entre deux commissions, des buffets offrant cafés, thés ou toasts, des concerts, des animations et du cinéma militant sont proposés aux grévistes. La « grève en fête » de Censier fait flotter dans l’air un parfum de Mai 68. C’est toute une génération qui s’ouvre à la politique. Cette grève est exemplaire de par la grande capacité d’organisation et d’action dont font preuve les étudiants et la qualité du débat qui s’est instauré dans les AG et dans les commissions. L’UNEF se voit aujourd’hui débordée par les étudiants non syndiqués qui se sont lancés dans le mouvement. L’expulsion par les CRS des étudiants occupant la Sorbonne n’aura provoqué que la radicalisation du mouvement. Les violences répressives, les tabassages au quartier latin, les véritables courses-poursuites dignes des ratonnades de sinistre mémoire des années soixante, les nombreuses arrestations marqueront à jamais une nouvelle génération militante. Ce ne sont ni leurs troupes, ni leur arsenal de répression, ni leurs coups de tonfa, de matraque, de tazer, de flash-ball, ou de gaz lacrymogènes qui nous impressionneront et nous feront reculer, bien au contraire.

Au niveau du personnel, la grève est reconduite par une AG quotidienne, des commissions « information-communication », « action (piquets de grève) », « défense du personnel gréviste contre toute sanction » ont été créées. Dans notre université, nous avons à subir tous les jours les conséquences de la politique gouvernementale qui, sous couvert de lutter contre le chômage, entérine l’oeuvre de destruction des droits et des acquis sociaux des salariés et des jeunes. Nous avons à subir tous les jours les conséquences de cette politique, relayée fébrilement par nos conseils universitaires et notre président : CAE (Contrat d’accompagnement à l’emploi), CA (Contrat d’avenir), CDD renouvelables, Pactes seniors et juniors, sont autant de mesures sans perspectives de déboucher sur une titularisation. À cela s’ajoutent : le travail à temps incomplet imposé aux salariés les plus précaires, le sous-effectif, la pression croissante sur les agents, la progression de carrière de plus en plus difficile, la baisse des conditions de travail et de la qualité du service public. De nombreux travailleurs précaires, jeunes pour la plupart, se sont joints au mouvement.

Pour la CNT la particularité à Paris III est que nous n’avions pas au début du mouvement d’adhérents chez les étudiants et les enseignants. Par contre chez les IATOSS la section était bien présente. Nous sommes à l’origine de la première AG organisée le 28 février et du démarrage de la grève chez le personnel, malgré des syndicats « maison » plus préoccupés par les prochaines élections aux conseils de l’université que de lutter contre le CPE et la précarité. Aujourd’hui les militants de la CNT interviennent dans les trois commissions représentant le personnel. Un large courant de sympathie entoure nos interventions chez les étudiants et chez les enseignants. Des demandes d’adhésion récentes devraient nous permettre d’asseoir notre implantation sur les différents sites de Paris III : Censier, la Sorbonne, la Bibliothèque Sainte-Geneviève et la Bibliothèque des langues orientales, où nos militants sont très actifs.

Cela fait maintenant plus de trois semaines que les étudiants mobilisés appellent l’ensemble des salariés à les rejoindre. La mobilisation étudiante, loin de faiblir, se renforce.

Le travail jetable dès le plus jeune âge jusqu’à la tombe, c’est ce que le capitalisme nous promet. Le patronat n’en aura jamais fini avec la misère, l’injustice et l’exploitation. Opposons-lui la grève générale !

Daniel Pinos, section CNT-FAU de la Sorbonne nouvelle — Paris III