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éditorial du nº 1436

Le jeudi 27 avril 2006.

La tempête CPE semble passée, telle une intempérie du climat social, elle a été emportée par les courants d’air chaud des bonnes intentions de nos politicards véreux. La pieuvre étatique a enlacé de ses tentacules médiatiques les esprits, et leurs ventouses cathodiques ont sucé le libre arbitre de la sacro-sainte « opinion publique ». Les « parts de cerveaux disponibles » produits par les grands médias de masse ont été mis à la disposition du gouvernement pour qu’il y instille sa propagande. Tout le monde a soi-disant gagné :
les syndicats ont obtenu l’abrogation de l’article 8 de la loi sur l’égalité des chances ; les étudiants se sont fait chanter une berceuse avec la nouvelle lois sur « l’accès des jeunes à la vie active en entreprise » censée réguler le chômage des jeunes, et dont on leur fait croire qu’elle ne s’appliquera pas à eux ; le patronat, quant à lui, s’est vu offrir une enveloppe substantielle, de quoi le faire patienter encore un peu avant la prochaine entreprise de démolition du Code du travail. Maintenant vient l’heure du bilan qui montrera qui, réellement, a gagné quoi. Déjà on sait qui a perdu, ce sont les jeunes victimes de la répression policière, pour eux, pas d’amnistie. Leur crime doit être bien plus grave que ceux qui ont torturé, violé, assassiné pendant la bataille d’Alger, et qui n’ont jamais été jugés, protégés par une amnistie décrétée par le chef des armées.

Ceux qui ont osé se révolter contre la puissance de l’État souverain doivent donc être punis, pour l’exemple. Si aujourd’hui les moeurs ont quelque peu évolué et qu’ils se contentent d’emprisonner les révoltés plutôt que de les pendre ; les méthodes, y compris la provocation, restent les mêmes. C’était déjà la même chose il y a 120 ans à Chicago. Une bombe fut lancée au milieu des policiers par un provocateur lors du meeting anarchiste de Haymarket faisant suite à la manifestation, le 1er mai 1886, de 400 000 personnes revendiquant la journée de travail de huit heures. Ce fut le prétexte à une répression sanglante. Suite à ces événements, Albert Parson, Auguste Spies, Adolph Fischer et Georges Engel furent assassinés par la justice américaine, Michael Schwab et Oscar Neebe virent leur peine de mort commuée en prison à vie, quant à Louis Lingg il se suicida en prison. Ce sont ces sept martyrs que nous commémorons ce premier Mai, et plus encore la solidarité entre tous les travailleurs du monde. N’oublions pas que si ici, en France, la répression ne tue plus que rarement, dans beaucoup trop de pays encore, les travailleurs qui se lèvent pour défendre leurs droits tombent victimes de la police ou des milices patronales.

Que cela soit au Népal, en Colombie, en Iran ou ailleurs, nous devons affirmer notre solidarité avec tous les exploités de la planète.