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Lille

Quatrième grève de la faim des sans-papiers

Le jeudi 4 décembre 1997.

Après six mois d’attente, de renvois de convocations en convocations (certains en sont à la neuvième), la circulaire du 24 juin de Mr Chevènement se solde présentement par 40 régularisés avec carte de séjour temporaire d’un an et 150 convocations. Que cachent ces convocations et re-convocations qui n’en finissent plus ?

Le cas d’un sans-papiers régularisé par l’obtention d’un récépissé qui vient d’essuyer un refus de renouvellement de celui-ci est une provocation annonciatrice de mauvais coups. Parmi les régularisés, seuls trois célibataires l’ont été. L’épée de Damoclès du refus pour les célibataires ne cesse d’être agitée par les autorités qui par ailleurs ont organisé avec leur circulaire une grande opération de fichage, jamais égalée.

Voilà le bilan au bout de six mois de l’application de la circulaire censée réparer l’injustice causée par les lois racistes Pasqua-Debré dénoncées par la commission des droits de l’homme de l’ONU comme étant « xénophobes ».

Comment ne pas constater que le pouvoir RPR-UDF qui a réprimé, matraqué, scotché, chloroformé, donné le coup de hache à Saint-Bernard, fait « l’évacuation sanitaire et médicale » à Lille, frappé d’interdiction du territoire des sans-papiers en lutte et expulsé par charters, a finalement régularisé plus de 200 sans-papiers en ce qui concerne le Comité des sans-papiers 59 ?

Tous les gévistes de la faim, sauf une seule, ont été régularisés. C’est dire que la seule conclusion qui s’impose est : seule la lutte paie.

Il apparaît clairement que le pouvoir quel qu’il soit, sourd et aveugle devant la détresse humaine des sans-papiers, pousse ceux-ci à mettre leur vie en danger. La mère de famille Jacqueline Deltombe et son mari, qui viennent d’être régularisés après plus de cinq ans d’attente, ont été ainsi obligés de poser un ultimatum menaçant de faire une grève de la faim.

La patience des sans-papiers est à bout, l’espoir et la relative confiance qu’ils avaient mis dans le nouveau gouvernement qui avait fait des « promesses fermes » et qui avait affiché publiquement son « soutien » aux sans-papiers au moment des coups de hache et du « sursaut démocratique » contre la loi Debré se sont égarés dans le sable des engagements reniés.

Une nouvelle phase de la lutte annoncée par la manifestation du 1er novembre 1997 commence pour la régularisation.

Le gouvernement et la préfecture assument toute la responsabilité de cette quatrième grève de la faim à Lille.

Comité des sans-papiers 59