Accueil > Archives > 2006 (nº 1421 à 1459) > 1440 (25-31 mai 2006) > [éditorial du nº 1440]

éditorial du nº 1440

Le jeudi 25 mai 2006.

On ne peut pas dire que la transparence soit la qualité primordiale des salops : ministres, parlementaires et autres décideurs, qui tiennent le gouvernail de l’État. Tripatouillage des flux financiers, commissions plus ou moins occultes dans divers trafics, y compris les trafics d’armes alimentant les conflits qui, chaque jour, tuent et oppressent des civils innocents ; tout est bon pour assouvir les appétits de ces assoiffés de pouvoir et de leurs partis politiques. Toujours prêts à fustiger les fraudeurs des assurances sociales ou des transports publics, à envoyer les pauvres en taule pour quelques centaines, voire dizaines d’euros, ces soi-disant parangons de vertu, eux, puisent dans les caisses à coups de milliards de dollars, et quand ils se font piquer, ils s’en tirent avec tout au plus des peines avec sursis.

La transparence n’est pas non plus de mise en ce qui concerne les dangers que nous font courir les dirigeants du groupe de pression militaro-industriel du secteur nucléaire. Ces crapules classent secret-défense un rapport évoquant les dangers encourus au cas où un avion viendrait à s’écraser sur une centrale nucléaire, alors qu’une note de ce rapport mentionne que les données qu’il contient sont volontairement imprécises pour ne pas être exploitables à des fins terroristes. Soit le rapport est destiné à la Défense nationale, et il comprend les données précises permettant à celle-ci d’évaluer les risques ; soit ce rapport se contente d’évoquer les dangers sans donner de données stratégiques exploitables, ce qui est le cas, et alors là il n’y a pas lieu de le classer secret-défense. Mais ce lobby, qui tient entre ses mains l’existence des millions d’habitants vivant à proximité de centrales nucléaires, joue avec nos vies et tente de nous maintenir dans l’ignorance, quitte à envoyer ses barbouzes intimider les militants cherchant à transmettre les informations que tout un chacun a le droit de connaître.

Bientôt toutes ces « affaires » seront éclipsées par la Coupe du Monde de football, cette grande fête populaire canalisant les ressentiments de centaines de millions d’hommes et de femmes à travers le monde. Mais, là encore, derrière la liesse et l’effervescence, se cache un cloaque infâme. Pour « divertir » les millions de supporters, correspondants de presse, et autres employés que drainera cette manifestation, de formidables bordels seront organisés à proximité des stades. Cela sera près de 40 000 corps de femmes qui seront mis à l’étal pour assouvir les mâles mis en rut par la compétition.

Un gigantesque et ignoble trafic d’êtres humains se profile derrière l’organisation de ces jeux du cirque modernes.