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À la petite semaine

Qu’elle était verte ma Voynet !

Le jeudi 11 décembre 1997.

Après nous avoir alarmé et tenté de nous faire prendre conscience des multiples conséquences désastreuses de la prolifération automobile, de la puanteur des villes à l’effet de serre en passant par une pollution inquiétante et un saccage permament du territoire, sans parler de la connerie agressive du conducteur moyen, des victimes innombrables sur les routes, d’un urbanisme qui lui est totalement dévoué, on ne nous en voudra pas, espérons-le, de ne pas nous joindre ici au grand concert de réjouissances tricolores auquel a donné lieu, dans une logique mortifère mais créatrice d’emplois, cet unique grand bonheur du moment : l’implantation d’une usine Toyota à Valenciennes.

Au moment où les chaînes de télévision et les salles de cinéma diffusent de petits films sur l’ignominie des mines antipersonnel, sans lesquelles les guerres resteraient propres, nul doute que la liesse anti-chômage serait la même à l’annonce de la création d’une usine d’armement sur le sol national.

C’est encore une fois ce prétendu pragmatisme, cette conversion rapide aux « réalités » dans lesquelles se sont enlisés tous les ex-opposants parvenus au pouvoir, qui nous obligera, car l’heure n’est pas encore sonnée de ces lendemains dépollués pourtant promis, à ingurgiter encore un peu les douces vapeurs d’essence, à toujours nous incliner, jours pairs comme impairs, devant la toute-puissante déesse Bagnole, à admettre sans rechigner les stockages de déchets nucléaires, une troisième piste d’envol à Roissy, le projet fou d’un énième gadget de loisir géant au cœur de l’Auvergne, et à déguster désormais du maïs de laboratoire.

Toutes ces horreurs, naguère indigestes, passeront mieux aujourd’hui car ayant reçu l’aval de Mme Voynet, qui les dénonçait hier et qui doit d’ailleurs sa fulgurante ascension politique à cette dénonciation.

À défaut de pouvoir mettre dans son moteur électrique un tigre vert rugissant, terreur supposée des lobbies pétrolier, agroalimentaire et nucléaire, la ministre continuera de rouler diesel pour la gauche plurielle, assise sur un coussin de promesses recyclables.

Pour mieux symboliser cet invariable reniement des candidats au changement du système par sa conquête électorale, dans laquelle les écologistes ne cesseront comme les autres de s’engluer sans dignité, et afin de laisser une trace dans l’Histoire, suggérons à la Pasionaria transgénique de faire imprimer désormais les bulletins de vote sur du papier recyclé.

Floréal