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Lecture

« Une Psychopolitique du corps : l’analyse reichienne »

Le mercredi 8 janvier 1997.

Lors des grèves de décembre 1995, Jacques Lesage de La Haye, chargé de cours à l’université Paris VIII, attend avec ses étudiants Gérard Guasch, qui doit intervenir dans son cours. Gérard Guasch est médecin psychosomaticien, analyste reichien, et fondateur de l’institut Wilhem Reich. Pour Jacques Lesage de La Haye, militant anarchiste, pas question d’être un briseur de grève, et pas question non plus de ne pas recevoir Gérard Guasch, qui, habitant à Mexico, était de passage en France.

Aussi, la décision est collectivement prise d’organiser l’intervention au Centre médico-psychologique de Stains. Mais un embouteillage sans précédent dû aux grèves empêche Gérard Guasch, venant de province, d’être présent au rendez-vous. Face à la grande déception des étudiants, Jacques Lesage de la Haye propose alors : « Faisons du positif avec le négatif. Gérard Guasch n’est pas là. Mais nous, nous sommes tous ici, ensemble. Que voulez-vous que nous fassions ? » Un des participants répond alors : « Et si nous parlions d’analyse reichienne ? »

Après une introduction aux différents concepts de l’analyse reichiennne, le débat est lancé.

Quelques mois plus tard, celui-ci nous revient sous la forme d’une brochure éditée à l’Atelier de création libertaire sous le titre Une Psychopolitique du corps : l’analyse reichienne. De quoi s’agit-il ?

Fidèle aux idées et aux engagements de Wilhem Reich, l’analyse reichienne considère l’individu dans sa globalité. Alors que la psychanalyse isole trop fréquemment le psychisme du corps, ne permettant qu’une rationalisation des affects, l’analyse reichienne, en plus d’un travail à partir de la parole, effectue un véritable travail sur le corps-énergie.

Elle permet ainsi une plongée au cour de nous-même, dans ce que nous avons de plus authentique, mais aussi de plus irrationnel : nos émotions. La manière pour y parvenir est douce et respectueuse des défenses du sujet. La règle : ne jamais forcer.

Cette globalisation va aussi jusqu’à considérer la dimension sociale et économique du sujet. Ce qui veut dire que la condition sociale et financière d’une personne n’est jamais une barrière à la thérapie. Rappelons-nous que Wilhem Reich n’a jamais fait l’économie des causes politiques de la névrose.

En résumé, l’analyse reichienne nous invite à restaurer la douceur de notre pulsion de vie, pour une extension, de soi dans le monde, de la psychologie vers le politique, en passant par le corps. Elle nous fait constater que la logique qui résulte de la mobilisation et de l’expression de nos émotions les plus profondément enfouies contredit souvent la logique établie par l’ordre moral et la loi du marché.

Ne plus être en proie à l’angoisse du lendemain, sortir de la culpabilité et de la soumission à l’autorité, en un mot sortir de l’esclavage social pour s’autonomiser et s’autodéterminer, tels sont, parmi d’autres, les effets de l’analyse reichienne. Elle incarne résolument une démarche libertaire, ne nous en privons pas.

Pascal Matrat
groupe Berneri (Paris)


Une Psychopolitique du corps : l’analyse reichienne. 30 FF. Éditions ACL. En vente à la librairie du Monde libertaire.