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Paris

Occupation à l’ENS !

Le jeudi 22 janvier 1998.

Un collectif de chômeurs et de précaires (réunissant 200 personnes de AC !, CDSL, Cargo, MIB et les syndicats SUD, CNT, CGT, ainsi que nombre d’indépendants…) a investi mercredi 14 janvier à 16 heures les locaux de l’École normale supérieure (ENS, 45 rue d’Ulm) à Paris. L’occupation se passe dans le calme, sans heurts ni dégradation de matériel. À aucun moment, les occupants n’ont eu l’intention d’entraver le fonctionnement normal de l’école.

Le directeur de l’école, immédiatement informé, a appelé le ministère de l’Éducation nationale. Son interlocuteur direct, Alain Geismar (sic !), a rapidement suggéré l’évacuation par la force, ce à quoi s’est jusqu’à présent opposée la direction. Malgré tout, un imposant dispositif policier s’est déployé tout autour des lieux au cours de la soirée, et le ministre de l’Éducation a ordonné la fermeture de l’école et la cessation de toute activité, n’autorisant l’entrée qu’aux élèves munis de leur carte — jamais les membres de l’école n’ont eu à subir un tel contrôle, la mesure étant d’autant plus grave qu’elle contredit le principe essentiel de ce lieu public qu’est la libre circulation de tous.

Un collectif de soutien d’élèves et de personnels de l’école s’est immédiatement formé (150 personnes). Nous soutenons dans leur ensemble les légitimes revendications de la lutte des chômeurs. Nous nous opposons bien entendu à la fermeture de l’école (laboratoires de recherche y compris) dont le but est de pourrir le mouvement, d’une part en empêchant de faire de cette occupation un lieu actif de débats (objectif essentiel des chômeurs), d’autre part en tentant de liguer personnels et élèves contre les occupants. Cette intervention arbitraire et injurieuse n’a laissé aucune chance aux chômeurs de s’exprimer.

À la fin de la semaine dernière, à peine une cinquantaine de chômeurs (beaucoup ayant dû sortir et ne pouvant plus rentrer) occupaient encore les lieux, accompagnés de nombre d’élèves présents en permanence pour organiser tant bien que mal la vie dans une école entièrement paralysée. Vendredi soir, le ministère de l’Éducation aurait enfin accepté de recevoir une délégation.

Quel que soit le dénouement de cette action, nous appelons à la poursuite et l’extension de la lutte.

Des membres du collectif de soutien d’élèves et personnel de l’ENS