Accueil > Archives > 2006 (nº 1421 à 1459) > 1444 (22-28 juin 2006) > [éditorial du nº 1444]

éditorial du nº 1444

Le jeudi 22 juin 2006.

L’été est là, les vacances se rapprochent, le temps est à la détente.

L’actualité est dominée par le football. Peu importe ce qui se passe autour de nous et dans le monde : guerres, catastrophes naturelles, épidémies ; l’important est de savoir quel est le meilleur buteur, quelle nation va remporter la coupe. Sous des couverts de communion des nations sous le flambeau du sport, on assiste à une exacerbation des sentiments nationalistes. Si les joueurs de foot africains, asiatiques, sud-américains ou océaniens sont les bienvenus sur les stades allemands et dans les bordels qui les jouxtent ; leurs concitoyens eux, sont de plus en plus entravés dans leur liberté de circuler.

Les biens et marchandises de toutes sortes, elles, circulent avec de moins en moins d’entraves, l’OMC et la banque mondiale y veillent. Ces organismes sont les deux piliers du conseil d’administration de la planète, ce supragouvernement décide qui doit vivre et qui doit mourir. Les fonctionnaires de ces organisations choisissent quel pays peut se développer économiquement, et quel autre, tels la Somalie ou le Tchad, doit rester dans le chaos des guerres civiles engendrées par les marchands d’armes et les nations complices qui aiguisent les tensions en soutenant les chefs de guerre qui leurs promettent les meilleurs conditions d’exploitation de leurs ressources. Les desiderata des populations locales ne sont pas pris en compte car ils ne rentrent pas dans les tableaux et diagrammes de ces technocrates de la croissance à la solde des grandes multinationales. Après avoir exploité pendant des siècles leurs ressources naturelles, que ce soit le pétrole, les minerais de fer, de cuivre, d’uranium, la bauxite… ou bien leur or et leurs diamants ; c’est maintenant leurs capacités intellectuelles que la vieille Europe veut piller. L’ingénieur, le technicien, l’architecte ou le médecin doivent, pour les crapules qui nous gouvernent, pouvoir s’importer au même titre que le manganèse ou le charbon. Dans ces cas-là, nos chantres du libéralisme à outrance, ressortent les revendications de libre circulation. Quant à ceux qui, poussés par la misère ou les bombes, s’arrachent à leur terre natale pour trouver refuge dans ce qu’ils pensent être des pays de cocagne, ils sont repoussés vigoureusement comme des loups qui s’attaqueraient au cheptel. En guise d’abondance, c’est une pléthore de flics, douaniers, gardeschiourmes des centres de rétentions qui acceuillent ces candidats à la survie qui ont le tors de ne pas correspondre aux critères d’employabilité requis. Que ces fonctionnaires de la répression se rassurent, ils ne sont pas du tout visés par les propos du Villepin vilipendant la fonction publique.