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En direct de Solferino…

Le jeudi 29 janvier 1998.

Le jeudi 22 janvier, les chômeurs, en envahissant le siège du Parti socialiste, rue de Solferino, ont donné la meilleure réponse à l’intervention télévisée de Jospin [1]. Il ne s’agit pas ici de relater l’occupation, mais de rapporter les bons mots choisis de nos « camarades socialistes ».

Stéphane Le Foll, assistant de François Hollande, et responsable aux élections.

Q : Peut-on vivre avec 2 200 FF ? (question posée cinq fois)

R. : Le gouvernement a répondu. Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Q : Que faites-vous pour les moins de vingt-cinq ans ?

R. : Et les emplois-jeunes ? Vous dites qu’on ne fait rien, mais on vous répond qu’on fait… Entre trop peu et rien, il y a une différence ; on ne peut pas dire qu’on ne fait rien.

Q : Pourquoi ne ponctionnez-vous pas les riches ?

R. : On l’a fait ! Pourquoi pas plus ? Parce qu’il y a un équilibre, une réalité, une société… Toutes les décisions qui ont été prises, c’est pour essayer de faire quelque chose.

Un permanent du parti :

Q : Vous gagnez combien ?

R : Je dois gagner 15 000 FF par mois ; je ne me considère pas dans une situation dramatique, c’est sûr !

Un autre permanent, au bord de la crise de nerf : « Qu’est-ce que vous proposez ? On va faire payer les riches. Oui ! On va faire payer les riches ; voilà la solution au chômage ! Je connais la musique moi ! Je disais les mêmes conneries il y a trente ans. »

Après des négociations, le secrétaire national du PS s’engage pour une sortie sans interpellation (enfin une promesse tenue par le PS !), nous sortons en bloc. « Qui sème la misère récolte la colère » et « P comme pourri, S comme salaud, à bas le Parti socialiste » sont scandés de la cour de Solferino à l’embouchure du métro. La manifestation se disperse alors, après plus de trois heures d’occupation.

À noter qu’à la cafétéria du siège du PS, nous avons eu la surprise de voir une gravure représentant Paul Lafargue, auteur du « Droit à la paresse »…

Dernière minute : vendredi 23, les 3e et 4e collectifs de sans-papiers et le mouvement des chômeurs, en coordination, ont investis le musée des Arts africains et océaniens, symbole du colonialisme lors de l’exposition universelle de 1932, en soutien aux grévistes de la faim de Lille, qui ont dépassé les 65 jours de non-alimentation.

Nous voulons tout, nous prendrons le reste. La lutte continue…

Pascal
groupe Louise Michel (Paris)


[1Contrairement à ce qui s’est dit dans la presse et sur les ondes, cette action n’a pas été manipulée par une seule organisation (AC !, CNT ou autre…), mais elle a été le fait d’organisations diverses (AC !, MNCP, CNT, étudiants, FA et d’autres encore).