Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1108 (29 janv.-4 févr. 1998) marqué 28 janv.-4 févr. > [Qui trop embrasse mal étreint !]

Rennes

Qui trop embrasse mal étreint !

Le jeudi 29 janvier 1998.

La mobilisation se poursuit sur Rennes et s’organise malgré des débuts difficiles (voir M.L. nº1106). Des assemblées générales ont lieu chaque matin de 10 heures à midi à la Maison de la culture du Champ de mars. Cette salle a été obtenue suite à des pressions exercées sur la mairie (occupation de la mairie et du conseil municipal) et nous est prêtée pour un mois.

Les comités de chômeurs CGT et AC ! sont réapparus, forcés d’accepter notre autonomie et nos principes de fonctionnement autogestionnaire, étant eux-mêmes incapables de mobiliser suffisamment de chômeurs sur leurs bases. Ils sont revenus en reconnaissant leurs « erreurs » et en adoptant une double stratégie : profil bas et dénonciation « d’une manipulation par les anarchistes » lors de manifestations et de discussions (jamais d’attaques directes en AG).

Le mouvement manque de radicalité dans ses actions car la critique des politiques ne va pas jusqu’à son terme. Les politicards nous reçoivent sur leur ton éternellement paternaliste et compatissant. Ce ton est inacceptable mais le comité des chômeurs s’y laisse prendre pour l’instant…

Du côté libertaire, nous souhaitons que le « Comité des chômeurs et précaires en lutte » se donne plus de temps pour réfléchir sur le sens et le but des actions menées, qu’il prenne le temps de les préparer correctement. Nous proposons des occupations et actions plus « dures », plus efficace selon nous pour mobiliser les gens.

Dans cette ambiance, les assemblées générales avancent difficilement et les décisions sont souvent prises d’urgence. Tout le monde ressent un manque d’organisation et les actions de la semaine ont plus l’aspect de visite médiatique que d’occupation réelles. Outre l’occupation de l’ANPE, les apparitions au Conseil économique et social, au Conseil municipal, au Crédit lyonnais, à la CAF et au Conseil d’administration de l’URSSAF n’ont pas nécessité l’intervention des FOB (forces de l’ordre bourgeois). Nous sortons de nous-mêmes.

Pour remédier à cette situation, le comité est quand même parvenu à mettre en place des commissions permettant de désengager l’AG et de préparer les actions plus à fond.

Mais le mouvement des chômeurs ne restera un réel pôle de lutte que s’il renonce à sa simple médiatisation et travaille à mobiliser réellement les gens touchés par la misère en descendant dans les quartiers et en perdant ses illusions électoralistes (idée de liste de chômeurs) et le respect des institutions.

Des libertaires du Comité des chômeurs et précaires en lutte