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Chômeurs en lutte à Besançon

Le jeudi 29 janvier 1998.

La lutte des chômeurs a démarré à Besançon avec un peu de retard. Après un mois, on peut déjà en tirer un premier bilan. Peu nombreux au début (l’initiative venant plus d’A.C ! et des syndicats Sud), les chômeurs prennent de plus en plus en main leur lutte et leur nombre ne cesse de croître.

Les occupations

Ce mouvement, comme dans de nombreuses villes, est marqué par des occupations, pratique d’action directe que les libertaires ne peuvent que soutenir.

La première cible du mouvement a été la Direction départementale du travail et de l’emploi, occupée le 7 janvier après une manifestation en ville. Cette première occupation a pris fin à 23 heures après expulsion par les forces de l’ordre. Dès le lendemain, jeudi 8 janvier, c’était au tour du Trésor public d’être occupé avec la même issue, une expulsion. Expulsion beaucoup plus violente que la précédente et entièrement filmée par la police.

Les chômeurs ne se découragent pas et le vendredi 9, une nouvelle manifestation se conclut par l’occupation du Crédit Lyonnais au cri de « 1 milliard pour les chômeurs, 200 milliards pour les voleurs ». À 18 heures, cette occupation est levée pour se rendre à une AG prévue à 20 heures. Le mardi 13, pour la journée d’action nationale, c’est une manifestation de 500 personnes qui a sillonné le centre ville à partir de 17 h 30 avant d’investir l’ANPE (après avoir forcé l’entrée fermée à cette heure-là) pour une occupation symbolique de 2 heures.

La dernière occupation en date a été celle de la Chambre du commerce et d’industrie, mardi 20, avec une AG tenue dans les locaux de la CCI le soir même. Le mercredi 20, une expulsion musclée mettait un terme à cette occupation.

Un local pour les chômeurs

Dès le début, il est apparu qu’il fallait absolument un lieu de référence pour ce mouvement, afin de centraliser l’information, de renseigner les sympathisants et surtout de permettre aux chômeurs de se regrouper.

Le samedi 10 janvier, après une manifestation en ville, nous avons donc investi l’hôtel de ville et fait prévenir le maire que nous souhaitions le rencontrer. Le député PS, Jean-Louis Fousseret, qui passait par là, nous fit une petite visite qui se transforma en « prise d’otage ». Heureusement pour lui, le maire se présenta à l’hôtel de ville pour entendre notre revendication : un local pour les chômeurs ! Un accord de principe obtenu, il restait à trouver le lieu, le bail se montant au franc symbolique, avec pour échéance la fin du chômage. Rendez-vous le lundi 12 à la mairie pour la réponse définitive.

Comme promis, le lundi soir, le mouvement des chômeurs bisontins disposait d’un local au centre-ville, 2 rue Victor-Hugo (tél. : 03 81 61 98 09). Il y tient ses permanences tous les jours depuis lors. Ce local a permis au mouvement de passer à un cran supérieur. Tous les soirs, une AG s’y tient à 17 heures pour faire le point des actions de la journée et envisager la suite du mouvement.

Premier résultat : la journée d’action du 13 janvier avait regroupé 500 personnes, nous étions à peu près 800 pour la manifestation du samedi 17 janvier.

La popularisation

Pour ne pas s’essouffler, ce mouvement doit absolument s’amplifier. Pour cela, les opérations « coup de poing » ne suffisent pas. Il faut sensibiliser la population. Tous les jours des tracts sont distribués devant les ANPE et dans d’autres lieux de la ville. Le jeudi 15, c’est au péage de l’autoroute que ces tracts ont été distribués et une collecte a rapporté 2 000 FF au mouvement des chômeurs. Des commissions de travail ont en outre été formées.

La lutte continue

Le gouvernement Jospin n’a quasiment rien lâché. La lutte continue donc pour faire passer les intérêts des chômeurs et des travailleurs avant les impératifs économiques du capitalisme. Chômeurs, précaires, travailleurs, doivent s’unir pour imposer un partage du travail et des richesses !

Groupe Proudhon (Besançon)