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À la petite semaine

Les Rabatteurs

Le jeudi 5 février 1998.

Le Parti socialiste aurait tort d’engloutir des fonds dans la publication d’un périodique. D’autres le font pour lui, et plus efficacement que ne le ferait une feuille politique confidentielle et insipide où s’exprimeraient les « éléphants » et autres lourds notables de cette organisation de gouvernement.

Le lectorat de Charlie hebdo, sans doute naturellement porté vers la gauche, compte cependant un nombre non négligeable d’individus lucides susceptibles, au seuil du bureau de vote, d’envoyer promener avec mille bonnes raisons toute une caste politique parasitaire. C’est eux que les principaux rédacteurs de cet hebdomadaire, visiblement à l’aise dans le rôle de rabatteurs d’une gauche bâton merdeux, poussent régulièrement vers l’isoloir quand sonne ou approche l’heure de l’hallali électoral.

Il y a peu, dans l’excellent mensuel bruxellois Alternative libertaire, l’un de ses chroniqueurs, Franck Thiriot, moquait brillamment, citations empreintées aux articles de Philippe Val à l’appui, la rare stupidité d’arguments qui, avancés par tout autre plaisantin ou journal étranger au style « plus anar que moi tu meurs », feraient l’objet de railleries irrémédiables. Il faudra, sur ce point, se souvenir du soutien éditorial bête et indécent offert, en pleine révolte des gueux sans travail, à Jospin et à sa bande.

Au moment où la profession journalistique reste suspendue à la braguette du président des États-Unis et ses stages de fellation organisés à la Maison-Blanche, il est curieux de voir Charlie hebdo ironiser grassement sur une élève repentie dans le même temps où son rédacteur en chef, entre autres, se fait lèche-cul obscène d’un premier ministre qui a renvoyé les chômeurs à leur chômage et claque la porte au nez de Wei Jingsheng.

Floréal