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Dijon

Luttes des chômeurs et provocations policières

Le jeudi 5 février 1998.

À l’heure où les médias s’obstinent à mettre en arrière plan de l’actualité la lutte des chômeurs (et des salariés, étudiants,… solidaires), ce depuis l’intervention télévisée de Jospin, le mouvement semble se renforcer, s’élargir dans de nombreuses villes, souvent sous l’impulsion de plusieurs militants, sympathisants libertaires. Tel est le cas à Dijon. Ici, la mobilisation commence seulement le 7 janvier à l’occasion d’une manifestation (à l’appel du comité chômeurs CGT) rassemblant 300 personnes sur la base des revendications nationales. Aucune occupation n’est alors à l’ordre du jour, même si l’envie fleurit dans certaines têtes…

Tandis qu’une deuxième manifestation est prévue le 13 janvier, nos compagnes et compagnons sans emploi du groupe libertaire dijonnais (SCALP, FA) ainsi que des sympathisants de la CNT, décident de rejoindre le mouvement. Naît alors l’amicale informelle des chômeurs, précaires et solidaires, l’objectif étant de soutenir ce mouvement mais avec nos propres analyses, revendications et propositions d’actions, cela de manière autonome tout en reprenant les revendications nationales. C’est dans cette logique que nous constituons un cortège anarchiste lors de la manifestation du 13 janvier (400 personnes présentes). Soixante-dix personnes se regroupent derrière notre banderole « Le droit de vivre ne se mendit pas, il se prend ! ». Les tracts de l’Amicale informelle des chômeurs, précaires et solidaires se distribuent. Lors de cette manifestation, une tentative d’occupation de la Chambre de commerce et d’industrie (conjointement décidée avec AC !) échoue par manque de rapidité. Certains chômeurs CGT nous suivant dans cette action seront vite rappelés à l’ordre par leurs chefaillons syndicalistes…

Quatre jours plus tard, ce sont 1 000 personnes qui défilent dans les rues dijonnaises à l’appel de la CGT, d’AC !, d’associations de chômeurs et de l’Amicale. Notre cortège, en queue de manif (fort d’une centaine de personnes) devra faire face à une provocation policière. En effet, nous avons eu droit à deux tentatives d’interpellation d’individus présents dans notre cortège.

Le premier se retrouvera menotté, enfermé dans une voiture de la police nationale, très vite encerclée par notre cortège scandant des « Police partout, justice nulle part ! » C’est par notre détermination qu’il sera libéré au bout de vingt minutes… Le jeune homme aurait, selon certains flics, lancé un trognon de pomme sur un bus de la ville.

Non content de cette libération, un flic nous lâcha « On vous retrouvera… » Leur échec fut notre victoire, la solidarité, ça paye ! Le deuxième aura plus de chance puisqu’au bout de plusieurs minutes, il sera libéré puis accompagné loin d’eux par un groupe de manifestants.

La lutte continue. C’est dans une volonté de redynamiser le mouvement que l’Amicale propose lors d’une réunion commune avec AC !, le comité de chômeurs CGT (qui ne nous suivra pas…), avec des sans-emploi « inorganisés », de se rendre au Salon Motiva le 24 janvier (salon sur l’emploi, les stages bidons et autres formations tape à l’œil destinées aux jeunes de la région) pour y faire entendre nos voix. Une cinquantaine de personnes seront de la partie (interventions orales, distribution de tracts, banderoles).

La dénonciation de la répression, les revendications des chômeurs, la réappropriation des richesses, la lutte anticapitaliste y seront mises en avant, ainsi qu’un appel à la prochaine journée d’actions.

Ici donc, comme ailleurs, la lutte continue, élargissons ce mouvement !

Guillaume
groupe libertaire dijonnais (SCALP, FA), Amicale informelle des chômeurs, précaires et solidaires