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Creuse

Mairie et ASSEDIC occupés

Le jeudi 19 février 1998.

C’est le 7 janvier 1998 que sur mon beau et tout nouveau téléphone-répondeur qu’Yves, d’AC ! Creuse et également membre de la CNT, m’appela : « On occupe les ASSEDIC ! » C’est ainsi que la Fédération anarchiste de la Creuse se retrouva aux ASSEDIC de Guéret en compagnie d’AC ! Creuse, de l’APEIS, du comité CGT-chômeurs et d’Urgence solidarité (association locale). Plus tout un tas de chômeurs et de précaires inorganisés. Et avec le soutien plus ou moins effectif du Secours populaire, de membres de la CGT, de la LCR, et même du PCF et des Verts. Un sacré panel !

L’occupation dura 4 jours et les méthodes autogestionnaires se mirent rapidement en place (AG décisionnelles, rotation des tâches…). Durant ces journées, nous allions par délégation rendre visite aux élus de gauche et de droite locaux avec les revendications des chômeurs mais également avec des revendications anarchistes (égalité économique et sociale, abolition du salariat…).

La dernière nuit fut la plus épique : nous savions que nous devions quitter les lieux, ayant reçu la visite d’un huissier dans l’après-midi. Le petit noyau dur dont nous faisions partie ainsi que l’unique membre du comité CGT-chômeurs élaborèrent alors toute une stratégie pour occuper la députation PS avant l’expulsion des ASSEDIC Mais au matin, nous vîmes débarquer, frais comme un gardon, le grand chef de la CGT suivi de toute la clique plurielle (PS, PC et Verts). Trop fatigués et trop peu nombreux, nous nous pliâmes quelque peu à leur proposition de partir avant que les flics n’arrivent pour nous déloger. Et de se replier à la Maison des associations. Triste base de repli, trop excentrée, et surtout nous n’occupions plus rien ! Exit l’occupation chez le député PS !

La prise de la mairie

Mercredi 14, l’AG du matin décidait de l’occupation de la mairie de Guéret. Nous y dormions le soir même. Le jeudi 15, nous rendions visite au préfet et nous allions manger les petits fours de De Froment (conseiller général RPR). Vendredi 16, nous occupions pour la journée la CCI de Guéret afin de faire pression sur le patronat. Samedi 17, manif unitaire dans les rues de la ville. Mardi 20 : occupation du Crédit lyonnais pour la journée (1 milliard pour les chômeurs ; 200 pour le Crédit lyonnais). Mercredi 21, occupation de l’agence France Télécom pour la journée. Vendredi 23 : nous organisons un concert de solidarité pour les exclus (4 000 FF de recette).

La scission

L’unique membre du comité CGT-chômeurs ayant trouvé du boulot et devant partir, la CGT n’ayant plus de représentant au sein du Collectif organisa une réunion « d’encartage ». Les dissensions entre AC ! Creuse et la CGT se faisaient plus grandes (à propos essentiellement des méthodes divergentes de fonctionnement et d’action), la CGT suivie de l’APEIS et d’Urgence solidarité se désolidarisèrent du collectif et levèrent leur occupation de la mairie. Nous ne nous retrouvions plus que deux « organisés » et des inorganisés. Avec comme revendication principale, justifiant la continuité de l’occupation, l’obtention d’un local. La Fédération anarchiste de la Creuse tenta de pousser le bouchon plus loin, proposant des pressions sur la mairie « plurielle » (PS, PC, Verts).

Initialement, pour une manif CGT sur les 35 heures, les chômeurs étaient invités à y participer. Les militants cégétistes furent très rapidement débordés, notamment par l’apport de militants d’AC ! Limoges venus renforcer le cortège des exclus. Décidant de faire une halte impromptue au siège de Radio-France Creuse, et la CGT n’ayant pas le rapport de force en sa faveur, la scission fut entièrement consommée. Même les militants de l’APEIS ne savaient plus s’ils devaient continuer à suivre la CGT ou attendre les chômeurs !

Les rouges (CGT, APEIS…) ayant quitté le navire, les tractations avec la mairie devinrent plus difficiles pour AC !, la FA et les chômeurs autonomes. La mairie souhaitait nous voir déguerpir le plus rapidement possible en nous refilant un local considéré comme un taudis. C’est seulement le 30 que nous levions l’occupation de la mairie (soit après seize jours) ; après la signature houleuse d’une convention mi-figue mi-raisin : obtention d’un local pour un mois non renouvelable.

L’heure est maintenant à l’installation provisoire dans ce local et à la restauration du collectif. Suite au prochain épisode…

Alayn Dropsy
FA Creuse