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La Fédération anarchiste sur le Web

Le jeudi 12 mars 1998.

Depuis quelques temps déjà, la Fédération anarchiste est présente sur Internet, avec plusieurs sites web. Qu’y trouve-t-on, et pourquoi développer un tel outil ? Réponse ici-même.

Le site FA proprement dit présente les principes de base de notre organisation, les communiqués de presse récents, ainsi qu’un certain nombre de liens vers d’autres sites. Tout d’abord, depuis la page d’accueil, ceux des sites de sa radio, de sa librairie et de son journal. Sur la page des groupes, telle qu’elle paraît régulièrement dans le Monde libertaire, vous trouverez les liens vers les sites de tous les groupes de la FA qui en possèdent un, tels les groupes Albert-Camus de Toulouse, le groupe La Mistoufle de Dijon, le groupe Roger-Caussimon de Nancy, les groupes Louise-Michel et La Vache Folle de Paris, la liaison Ardennes, ou encore ceux qui ont une page relative à l’émission qu’ils animent sur Radio libertaire, tels le groupe Février, pour ses émissions « Femmes Libres » et « Les Chroniques du nouvel Ordre mondial ». Sur la page des contacts, on trouve des liens vers les sites d’autres organisations libertaires, telle l’Internationale des Fédérations anarchistes, dont la FA est membre, ainsi que d’autres sections de celle-ci, ou encore de l’Association internationale des travailleurs et ses sections, mais aussi des liens vers d’autres ressources Internet liées au mouvement anarchiste, comme un certain nombre d’œuvres célèbres disponibles sur le Web (hélas toutes en anglais), ou un splendide éphéméride anarchiste, sans oublier les copains de l’association Thank you Ferré.

Sur le site de Radio libertaire, vous trouverez l’historique de la station, les communiqués de presse récents du secrétariat, la liste des endroits où la carte d’auditeur donne droit à des réductions, un certain nombre de pages présentant en détail telle ou telle émission, telles « Wreck this mess », « Femmes libres », « La Philanthropie de l’ouvrier charpentier » (avec même des extraits sonores à télécharger !), « Chroniques rebelles », « Les Chroniques du nouvel ordre mondial », « Folk à lier », « Progressions « , « Les Nuits off », « Il y a de la fumée dans le poste », « Ah, Jaisys, it’s sunday again ! « et « Le Mélange ». En espérant que la liste s’allonge… Et surtout, vous y trouverez la grille des programmes à jour, disponible au téléchargement, ainsi que les annonces des prochains thèmes abordés par les émissions, comme ils paraissent régulièrement dans Le Monde libertaire.

Sur le site de la librairie du Monde libertaire, on trouve l’intégralité du dernier catalogue, classé pour l’instant par rubrique comme le catalogue papier. Et on trouve également l’ensemble des notes de lecture parues dernièrement dans le Monde libertaire relativement aux bouquins de ce catalogue, accessible par un simple clic depuis les pages de celui-ci. En attendant bientôt une véritable base de données. Hélas, on ne peut encore commander ses livres on line.

Le site du Monde libertaire présente le Monde libertaire de la semaine, consultable article par article, ainsi que tous ceux parus depuis quasiment six mois, sous forme de pages complètes. Là aussi, une véritable base de donnée ne saurait tarder.

Ce n’est qu’un début…

Tout ceci montre que dans l’ensemble ces différents sites ne font que reprendre des informations déjà parues dans notre journal, ou annoncées sur Radio libertaire. Mais elles ont l’avantage d’être plus régulièrement actualisées, et de commencer quelque peu à profiter de l’aspect multimédia du Web, avec des photos et parfois même des extraits sonores. Et le développement futur d’Internet, et notamment son ouverture de plus en plus grande au public, devrait en faire un média supplémentaire, avec des fonctionnalités impossibles ailleurs, de même que le Minitel n’a pas simplement repris l’annuaire en papier, il l’a transformé. Voilà déjà une bonne raison pour les anarchistes de profiter d’un nouvel outil pour leur propagande.

De plus, la nature même d’Internet change complètement la notion de média. Jusqu’ici, pour s’exprimer publiquement, il fallait du matériel, une infrastructure inaccessible au péquin moyen. L’ouverture des radios libres en 1981 par exemple a profité à tous les mordus des radios pirates qui disposaient déjà d’un matériel assez conséquent. Et aujourd’hui, c’est impossible à faire sans une flopée de pognon derrière soi. Aujourd’hui, n’importe qui disposant d’un ordinateur et d’une connexion Web, que ce soit à titre personnel ou à son travail peut ouvrir très facilement son site. Ce n’est peut-être pas encore le cas de tout le monde en France, mais c’est déjà assez large. D’où une relative démocratisation de l’expression publique.

Enfin, un point fondamental d’Internet, c’est sa structure en réseaux interconnectés. Alors que le Minitel par exemple était un service proposé par France Télécom, et géré par cet organisme, Internet n’est géré par personne en particulier, mais est formé par l’ensemble des ordinateurs connectés. D’où une quasi impossibilité de contrôle (si ce n’est indirectement sur les structures hébergeant tel ou tel site) par une quelconque entité, état ou entreprise. C’est donc un espace de liberté, virtuel certes, mais de liberté quand même. Ce qui fait hurler certains à la licence (Mon dieu, et qui va empêcher les pédophiles d’agir ?), et pose un certain nombre de problèmes nouveaux aux États. Ainsi, l’utilisation de logiciels de cryptographie pour ses communications personnelles, qui permet donc d’échapper à toute surveillance, relève en France du délit d’espionnage… ce qui est hallucinant quand on compare à la facilité d’obtention de tels logiciels (il suffit de les télécharger depuis des sites situés hors des frontières françaises). Et cette liberté est également menacée par l’arrivée du mercantilisme. Alors que la philosophie initiale d’Internet était de mettre tout à disposition de tous (à chacun selon ses besoins, en quelque sorte…), dans une logique d’échange, les publicitaires arrivent en force, avec des moyens de fichage des clients inespérés pour eux (quelles pages a-t-il visité ? quels produits sont susceptibles de lui être proposés de façon personnalisée ?), et le débat sur le droit d’auteur est d’actualité. Là où la technologie avait ouvert une brèche, le capitalisme s’y engouffre plein pot. Ça ne vous rappelle pas l’histoire des radios libres ?

Pour toutes ces raisons, je crois qu’on peut dire que non seulement les anarchistes avaient intérêt à aborder Internet, mais il en avaient même la nécessité, pour y défendre là aussi la liberté d’expression.

Guillaume
groupe Louise-Michel (Paris)