Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1114 (12-18 mars 1998) > [Cet âge est sans pitié]

À la petite semaine

Cet âge est sans pitié

Le jeudi 12 mars 1998.

Une semaine s’est écoulée. Comme les autres, et comme celles qui suivront, elle aura vu disparaître des centaines de milliers de personnes, passées par profits et pertes de l’économie mondiale, victimes de la faim ou de leurs conditions de travail, morts peu intéressantes car programmées chaque année, statistiques en quelque sorte, et s’inscrivant par là même insidieusement dans une regrettable fatalité.

Une semaine s’est écoulée. La dernière pour une masse d’individus broyés, mutilés, torturés, fusillés, exécutés, victimes légales et oubliées de ces États barbares, reconnus et respectés, dont les rapports annuels d’Amnesty International rappellent l’extrême et permanente brutalité qui préside à leur « sécurité ».

Une semaine s’est écoulée, ni pire ni meilleure que celles qui ont précédé. Avec ses conflits guerriers nouveaux ou prolongés, ces Irlande, ces Afghanistan, ces Algérie, ces Indonésie, ces Congo-Kinshasa, ces Sri-Lanka, ces Kosovo, ces Colombie, Inde, et Sierra Leone, charriant leurs lots d’atrocités, de morts violentes en quantité, feuilleton banal, interminable, sans surprises, sans rebondissements.

Dans cette marche du monde cruelle et insensée, ce train-train meurtrier qui laisse le plus grand nombre un peu blasé, médiatiquement sans grand intérêt car trop routinier, voilà que du côté de Rouen un jeune homme de 15 ans, assassin pour un rien, est venu se glisser à la une de l’actualité.

Cette montée de la violence chez les adolescents, dans un monde adulte exemplaire qui offre à ses enfants un spectacle et un avenir exaltants, c’est incroyable, non ? Cet âge est vraiment sans pitié…

Floréal