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éditorial du nº 1115

Le jeudi 19 mars 1998.

La violence des jeunes refait surface. Surmédiatisée comme d’habitude ! Une semaine folle où l’on compte les morts et les voitures brûlées. Comme à Évry avec la mort d’un jeune lors d’une bagarre entre bandes rivales, ou comme dans la région de Rouen, à Pavilly, avec la mort d’une commerçante. Ou encore comme à Besançon avec son lot de voitures, et de centre social brûlés. Les réflexes sécuritaires ne se sont pas fait attendre. Et c’est la télévision qui est pour l’instant en ligne de mire. Alors qu’elle semble peu regardée par les jeunes, mais plutôt utilisée par eux. En effet, dans une émission télévisée de Michel Field, en janvier, un des jeunes n’a-t-il pas eu cette remarque : « Il faut casser quelque chose pour se faire entendre » ?

Se faire entendre, c’est bien un leitmotiv des révoltes d’aujourd’hui. Que ce soit celle des chômeurs ou celle des banlieues. En face, pour seule réponse, l’État criminalise ou rend criminel. Et comme la misère gagne du terrain, que le nombre de précaires, de demandeurs d’emploi, de personnes subissant chaque jour la violence institutionnelle augmentent, il y a fort à parier que le nombre de criminels va aller en s’accroissant.

Devant cette violence, les établissements scolaires sont en première ligne. Le « plan de rattrapage » d’Allègre pour la Seine-Saint-Denis, présenté le 2 mars, ne résoudra en rien les problèmes économiques et sociaux des jeunes et de leurs familles. En effet, doubler le nombre d’emplois-jeunes dans les établissements scolaires ne va rien changer sur le fond du problème. En recruter 3 500 supplémentaires en supposant que cela va permettre de lutter efficacement contre la violence relève plus de la provocation que d’une réelle mesure. D’où les grèves qui se suivent pour dénoncer l’insuffisance d’un tel plan. Répondre par la précarité dans un souci de calmer les esprits avant des échéances électorales peut paraître risible. Mais nous devons en être conscient : l’État n’a plus que cela à proposer !

Alors, qu’attendons-nous pour réaliser le possible ?