Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1117 (2-8 avr. 1998) > [Si la misère favorise le racisme, ce sont les politiciens (de droite comme (...)]

Si la misère favorise le racisme, ce sont les politiciens (de droite comme de gauche) qui engraissent le FN

Le jeudi 2 avril 1998.

Comment ne pas dénoncer la droite et la gauche qui ont tout fait pour mettre le FN au centre de la « vie » politicienne ? Comment croire aux « indignations » contre l’élection de Jean-Pierre Soisson, alors que celui-ci a été le ministre de Mitterrand ? Comment croire au combat de Chirac contre le FN, alors qu’il y a peu, il dénonçait « le bruit et les odeurs dans les HLM » ?

Comment ne pas être enragé par un gouvernement qui tentait encore cette semaine d’expulser les boat-people de Nouméa ou des maliens dans un charter « déguisé » ? Si une partie de la droite collabore avec le FN, la gauche nous prend pour des cons.

Ils prétendent tous combattre le FN, alors que dans leur commune, leur département ou leur région ils appliquent déjà des idées de Jean-Marie Le Pen.

En votant les lois Pasqua-Debré-Chevènement ; en refoulant et en expulsant les sans-papiers ; en criminalisant le mouvement des chômeurs précaires ; la Gauche plurielle fait plus que renier ses promesses (ce qui était prévisible), elle prend à son compte une partie des idées véhiculées par la droite et l’extrême droite.

Pouvait-il en être autrement ?

Quand la loi Jospin-Chevènement désigne une fois de plus les immigrés comme responsables du chômage, c’est bien là toute la propagande du FN qui est crédibilisée et renforcée par l’action du gouvernement.

Comme pour les privatisations, les licenciements dans les grands groupes, les 35 heures, Jospin et son gouvernement n’ont pas « trahi ». Il gère (avec tout le réalisme qui convient) un système qui ne lui permet pas de proposer une alternative aux logiques économiques du capitalisme. En acceptant le jeu du parlementarisme, la gauche accepte aussi les lois de « l’économie de marché ». Ce gouvernement — comme les autres — est incapable d’enrayer la progression de la misère et de réduire le chômage. Il a donc besoin d’un bouc émissaire : l’immigration clandestine et d’un épouvantail électoral : le Front national.

Pour éliminer le FN combattons les racines du mal : le capitalisme

La misère engraisse le racisme et ceux qui en vivent. Pour faire reculer le fascisme, il faut combattre les logiques d’exploitation, de profits et amorcer une rupture fondamentale avec les politiques précédentes. Il est clair que nous n’avons rien à attendre d’un gouvernement, quel qu’il soit. C’est ce qu’ont compris les sans-papiers ou les chômeurs en restant maîtres de leur lutte. Pendant les manifestations les sans-papiers continueront de se battre contre l’arbitraire du gouvernement. Pour retrouver leur dignité, les chômeurs exigeront l’égalité sociale. Victimes de la course aux profits, d’autres lutteront contre leur licenciement, etc. C’est pourquoi les militants de la Fédération anarchiste n’entendent pas participer à une opération de propagande pro-gouvernementale. Dans nos quartiers, nos facs, sur notre lieu de travail, nous continuerons à développer des luttes, des pratiques débouchant sur plus de liberté et d’égalité pour les individus, plus de fraternité entre les peuples.

Fédération anarchiste