Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1117 (2-8 avr. 1998) > [Hurler avec l’élu]

À la petite semaine

Hurler avec l’élu

Le jeudi 2 avril 1998.

Si l’histoire ne se répète pas, elle apprécie toutefois les imitations. Cinquante années de purgatoire pour s’être vautrée complaisamment dans la fange d’une collaboration bénie par l’Église aurait été nécessaires à l’extrême droite française pour retrouver grosso modo sa force d’avant-guerre et nous offrir, avec la participation des habituels bouffons du jeu électoral, ce pitoyable spectacle, dont les IIIe et IVe Républiques finirent par crever.

La petite crotte de naguère, chacun le sait, n’a pu devenir gros caca que grâce au machiavélisme de Mitterrand, cet enfant de Pétain, et à la bassesse, la veulerie de toute une classe politique prétendument respectable qui n’a cessé de jouer avec le feu durant toutes ces années où se servir d’un parti de nature fascisante, pourvu qu’elle conservât ses privilèges, ne lui semblait pas moralement inacceptable et politiquement dangereux.

Aujourd’hui, les incendiaires demandent de l’aide et implorent les bonnes volontés pour jouer les pompiers. Sans pudeur, ils prennent la tête de manifestations, se répartissent les premiers rôles dans une « lutte contre le fascisme » où il nous faudrait jouer les figurants.

Il est des promiscuités salissantes. Empêcher l’abjection de s’étendre implique, en s’opposant au Front national, de dénoncer ceux-là même qui lui ont ouvert des boulevards, et non de défiler derrière leurs étendards. En finir avec tous les faux-culs, et non hurler avec l’élu.

Floréal