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éditorial du nº 1461

Le jeudi 18 janvier 2007.

Le vent médiatique soulevé par Les enfants de Don Quichotte autour des problèmes des sans-logis est passé à travers les moulins à promesses électorales des partis politiques en quête de points dans les sondages, il s’est évanoui quand l’acteur incarnant le héros de Cervantès a dû répondre à un autre contrat. Ce n’est pourtant pas l’annonce d’une loi n’ayant d’effet qu’en 2012, et qui probablement sera passée aux oubliettes d’ici là, qui va reloger ceux qui aujourd’hui, avec ou sans tentes, sont toujours à la rue. Bien sûr, Nicolas Sarkozy a, lui aussi, joué au bon meunier samaritain.

D’après ce sinistre pantin, avec lui à la chefferie de l’État, il n’y aurait plus de SDF dans les rues en deux ans ; gageons que comme pour les sans papiers il les concentrera tous dans des camps. Ne pouvant pas tous les expulser, il faudra bien que les pensionnaires de ces camps de transition se réadaptent à la vie sociale, en offrant leur force de travail à la nation.

Ne doutons pas que les plus méritants seront promus au grade de capos. À dire ça on pourrait croire que Sarkozy représente une menace fasciste, non ! D’ici à là, il y a un pas. Mais ne vient-on pas d’apprendre qu’avec Sarkozy tout est possible… Candidat unique de son parti, élu avec plus de 98 % des voix, voilà qui doit faire sourire dans sa tombe le camarade Staline. Quelle poigne ! Le ci-devant comte Nicolas de Naguy Bocsa réclame la justice pour le peuple ! Il en appelle à un retour des valeurs morales et du sens du devoir !

Désolé mon p’tit loup, mais nous n’avons pas les mêmes conceptions de ce que sont la morale et la justice. Des femmes, des hommes et des enfants qui dorment dehors dans l’un des pays les plus riches du monde est profondément immoral. Tout comme le sont ces patrons qui licencient pour accroître les dividendes de leurs actionnaires. Il est contraire à tout ordre moral d’ordonner des perquisitions à coup de matraque, pour terroriser les enfants, les femmes et les hommes rroms installés légalement dans une commune. Il ne peut pas y avoir de justice sans égalité économique et sociale ! Et la société que tu nous prépares, Nicolas, est loin de tendre dans ce sens, c’est une société où seuls les nantis sortent leur épingle du jeu de massacre qui se passent sous eux, et que toi tu ne vois même plus. Mais rassure-toi, tu n’es pas le seul à œuvrer pour nous embrigader dans votre monde où notre liberté s’arrête là où commencent vos ambitions. Ta rivale, Ségolène, tout en changeant les étiquettes et la couleur des draps, quitte à rajouter des oreillers plus moelleux, veut nous enrôler dans la même caserne du développement économique capitaliste que nos chers sociaux-démocrates ont adopté comme nouveau Moloch.