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Les Enfants indignes

Le jeudi 25 janvier 2007.

Dimanche 14 janvier, l’AG de Montreuil appelait à se rendre quai de Jemmapes pour « donner la parole aux SDF  ». En effet, les enfants de Don Quichotte (à savoir la famille Legrand à Paris) prennent toutes les décisions entre eux, les SDF devant suivre ou quitter le quai. Food not bombs, qui regroupe des individus préparant des repas à partir des restes récupérés sur les marchés et distribuant la nourriture à la gare du Nord, décida de se rendre quai de Jemmapes suite à cet appel.

Sur place, la présence d’une péniche-concert les empêcha de parler confortablement, et l’attroupement de badauds autour d’elle rameuta de nombreux flics…

La distribution de nourriture commence donc un peu plus loin, sur un trottoir face au quai. Une banderole « Food not bombs — bouffe — autogéré » est déployée. Visiblement, le terme autogéré ne sera pas au goût de tous !

L’information sur la présence de cette distribution de nourriture se propage vite sur le camp ; l’initiative est en effet appréciée par les SDF, car « cela change de d’habitude ».

Tout se déroule normalement jusqu’à ce que Jean-Baptiste Legrand, accompagné de son Pôpô et de sa Môman, approche pour discuter : « Que faites-vous là ? On n’est pas au courant ! Je veux savoir ce qui se passe sur MON campement ! », etc.

Finalement, il s’en va. Un quart d’heure plus tard, il revient, cette fois escorté par sa vingtaine d’agents de sécurité politique. Le dialogue se cantonne à des menaces, notamment contre les membres de Food not Bombs qui sont déjà passés sur le camp, et en ont été virés. Ainsi peut-on entendre des gentillesse du genre « Je vais te foutre dans le canal », ou autres hurlements divers…

Pour la forme (et pour montrer qui est le patron), Jean-Baptiste prend l’un de ses hommes par le col, et lui demande de se calmer.

Les SDF présents prennent la défense de Food not Bombs, car bien contents d’avoir à manger !

Malgré la tension, la distribution continue, puis Jean-Baptiste s’en va après leur avoir signifié d’aller dans un coin où on ne les voit pas (puisque le « quai de Thoirry » est assiégé par les journalistes) et de téléphoner, la prochaine fois, avant de venir…

Besoin de tout contrôler, par le cercle Legrand, oblige.

Le manque de communication entre les occupants du quai et la mainmise de la famille Legrand font qu’il n’existe aucune forme de solidarité entre les sans-domicile et les sans-papiers.

Aucun n’a jamais son mot à dire, ni sur les fins ni sur les moyens. C’est cette association issue de la mouvance « boboïde de la chrétienté » qui décide de tout, selon sa façon de voir la société, et non selon la réalité vécue par les SDF. Ainsi, les quelques mois d’immersion du comédien n’ont permis que de le préparer à son rôle de bon samaritain face aux caméras.

C’est aux sans-domicile de s’organiser, c’est à eux de définir leurs objectifs et les moyens pour y parvenir. Les arrivistes ne désirent qu’une place devant les caméras, ils veulent canaliser la pauvreté, et surtout ne pas faire de vagues, notamment avant les élections.

D’Jo
groupe-claaaaaash@federation-anarchiste.org