Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1120 (23-29 avr. 1998) > [Une Manif dans la manif]

Montpellier

Une Manif dans la manif

Le jeudi 23 avril 1998.

Partout, en France, quelques échecs dans la conquête des présidences régionales ont fait se découvrir à la gauche plurielle une fibre antifasciste qu’on ne lui connaissait pas. À Montpellier, par exemple, où les voix de l’extrême-droite ont servi naguère de marchepied électoral à l’actuel maire socialiste et où, le FN a disposé, des années durant, d’une vice-présidence de Région, sans que nos démocrates ne s’en émeuvent outre mesure. Ces amnésies ou, si l’on préfère, cette mémoire sélective étaient sans doute assez pour que la capitale du Languedoc soit promue, l’espace d’une journée, au rang de ville symbole.

Samedi 18 avril une manifestation nationale contre les alliances Droite-FN dans les Conseils régionaux devait donner la mesure de la mobilisation populaire. Elle ne fut pas à la hauteur de ces espérances électoralement intéressées. Il est vrai que, pendant ce temps, les expulsions de sans-papiers continuent et les lois racistes font toujours le lit du fascisme ordinaire. C’est cette contradiction qu’a voulu pointer le groupe « Un autre futur » de la FA en déployant ses banderoles au passage d’un cortège dans lequel, chez tous les pros de la politique, chamarrés de tricolore, la bonne conscience et le cynisme étaient plus au rendez-vous que la lutte contre la bête immonde et les nazillons tout-venant. Une manif dans la manif, en somme, pour appeler à manifester le 25 avril prochain contre les expulsions et « des papiers pour tous les sans-papiers ». Une manière, aussi, de rappeler quelques évidences et notamment que l’on ne combat pas le fascisme en lui empruntant ses délires racistes ou son mépris du prolétariat.

Contre la pensée dominante qui croit naïvement que seul le parti de Le Pen diffuse une idéologie xénophobe et raciste, sans voir que les lois sur l’immigration et les dernières expulsions mettent, elles, cette idéologie en pratique, nous avons crié : « à bas toutes les lois racistes, Debré-Chévénement complices ». Slogans, on l’aura deviné, assez peu repris, par le gros des militants du PS-MDC.

Cathy et Guy
groupe de Montpellier