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À la petite semaine

Si loin de Paris…

Le jeudi 30 avril 1998.

Parmi les vingt-deux personnes exécutées récemment à Kigali et celles qui sont appelées à connaître bientôt le même sort pour leur responsabilité dans les massacres de masse commis au Rwanda, il ne se trouvait aucun homme politique français. Cela prouve, à l’évidence, que notre pays et ses responsables divers et variés n’ont rien à voir dans ces horreurs.

Il est donc beau, noble et généreux , français en un mot, qu’une mission d’information parlementaire ait néanmoins décidé d’interroger d’anciens premiers ministres, d’ex ou toujours conseillers aux affaires africaines pour une bien inutile confirmation de l’innocence des hautes autorités de notre pays. On ne nous le dit d’ailleurs pas, bien sûr, mais il est fort probable que cette pureté sans tache des chefs de gouvernement successifs de ces dernières années, merveilleusement démontrée après enquête serrée, reste à la base des grosses difficultés auxquelles se heurte la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale, qui ne pourrait que se noyer dans le vide des dossiers.

Des réseaux politico-mafieux et gaullistes de Foccart aux réseaux mafioso-politiques des conseillers occultes mais de gauche de la génération Mitterrand, en passant par les chasses gardées du diamantaire Giscard d’Estaing, les inventions démentielles pullulent qui voudraient nous faire croire que le France n’a jamais vraiment renoncé à ses colonies et qu’elle se comporte là-bas comme soudard en pays conquis.

Au Rwanda, des centaines de milliers d’Africains ont été assassinés avec la plus extrême sauvagerie. On les passe aujourd’hui par profits et pertes de l’oubli en fusillant des sous-fifres à Kigali. Qu’y peuvent ici nos dirigeants qui s’interdisent toute ingérence dans les affaires intérieures de pays amis ? Tout cela se passe si loin de Paris…

Floréal