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Contre le FN : Oui !
Contre les lois racistes aussi !

Le jeudi 30 avril 1998.

Au lendemain des élections, la gauche plurielle, PS en tête, a redécouvert le problème du Front national, alors qu’hier comme aujourd’hui, elle a apporté un début d’application à ses idées en matière d’immigration. En effet, le débat est posé par les politiques selon les termes dictés par le Front national, liant immigration, chômage, insécurité, faisant ainsi des immigrés les boucs émissaires de tous les maux de la société. Ce n’est pas en s’alignant sur le même terrain que le Front national qu’on peut le combattre, car en matière de racisme, c’est toujours celui qui mise le plus qui ramasse le tout.

Et en ce qui concerne la prétendue opposition à la gauche du PS, malgré leurs gesticulations (avertissement au gouvernement, vote contre ou abstention à l’Assemblée nationale), les partis de gouvernement (PCF, Verts, MDC) ont mangé leur chapeau, comme ils l’ont fait sur les chômeurs ou la privatisation d’Air-France (entre autres). D’ailleurs, après avoir rejeté la politique des quotas (proposée par la gauche socialiste), Chevènement envisagerait de l’appliquer, au moins à certains pays. Ce qui a pour effet de se servir des immigrés comme « monnaie » pour un certain nombre de contrats, ou d’orientation de politique intérieure.

Et les 60 000 déboutés ?

Au ministère de l’Intérieur on n’a pas attendu la date butoir du 30 avril (reportée au 30 mai) pour signifier des expulsions. Cependant, il est évident que toutes ces personnes ne seront pas expulsées immédiatement. La loi Chevènement aura donc pour effet de « clandestiniser » ou de laisser dans la clandestinité des dizaines de milliers de personnes, les laissant à la merci d’employeurs peu scrupuleux, et à l’écart de toute protection sociale, ce qui, à l’heure du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage dénote d’une hypocrisie certaine. Néanmoins, ces personnes seront fichées par la préfecture grâce au dossier qu’elles auront laissé en demandant leur régularisation. Celles qui avaient donné comme convenu une adresse d’association commencent d’ailleurs à être inquiétées. Même les régularisés se retrouveront dans une situation précaire, la durée « standard » de la carte de séjour délivrée étant passée de 10 ans à un an renouvelable. Les immigrés seront ainsi plus que jamais contrôlés, et s’ils posent des problèmes au regard de l’Etat français, ils seront susceptibles d’êtres frappés du sceau de trouble à l’ordre public, notion on ne peut plus fourre-tout et arbitraire.

Solidarité active avec les sans-papiers

C’est aujourd’hui, que les sans-papiers essaient de redémarrer le mouvement, en occupant diverses églises (Évry le 7 mars, le Havre le 14 mars, Créteil le 23 mars, Nanterre le 29 avril, Bobigny le 5 avril, Argenteuil le 11 avril). Certaines de ces tentatives ont été sévèrement réprimées par le pouvoir dès qu’il en a eu l’occasion après les élections, avec l’expulsion des églises de Paris 13e et Paris 18e mais également avec l’évacuation des quelques 80 réfugiés chinois en Nouvelle-Calédonie. Nous ne mettrons pas en doute, bien sûr, que c’est avec humanité et cœur que les force de l’ordre ont tiré sur eux avec des balles en caoutchouc, blessant neuf sans-papiers, dont deux gravement. Citons encore, à Sète, des Africains enfermés à fond de cale dans un bateau, avec interdiction de mettre le pied sur le territoire français, donnée par Chevènement par le biais du préfet de l’Hérault.

Si nous ne voulons pas que le dossier de l’immigration soit bloqué pendant longtemps, c’est maintenant qu’il faut soutenir les sans-papiers en lutte, que ce soit dans leurs occupations, dans leurs démarches administratives, mais aussi par le biais de parrainages, qui ont l’avantage d’impliquer directement et physiquement des Français. Mais surtout, en s’opposant aux expulsions dans les ports et aéroports. La gauche n’a en effet pas coupé avec la tradition de scotcher et ficeler aux sièges les sans-papiers, allant même jusqu’à les faire passer pour des délinquants sexuels pour faire accepter l’inacceptable aux autres passagers de l’avion. Enfin, comme ce que vivent les immigrés n’est qu’un des aspects de ce que nous impose le capitalisme, le mouvement des sans-papiers doit s’élargir à d’autres couches de la population, les chômeurs, les salariés, les mouvements de locataires,…

Pour toutes ces raisons, nous exigeons :

  • La destruction des fichiers constitués lors des demandes de régularisation ;
  • L’arrêt immédiat de toutes les expulsions ;
  • La régularisation de tous les sans-papiers.

Marc
groupe Un Autre Futur (Montpellier)