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À la petite semaine

La Manif

Le jeudi 7 mai 1998.

Oublieux du caractère pleinement internationaliste des origines du 1er Mai, il y avait les désormais inévitables et insupportables drapeaux nationaux.

Au mépris du caractère de cette journée, qui doit son existence à la seule lutte des travailleurs, il y avait les désormais incontournables et insoutenables revendications nationalistes, kanake, palestinienne, tamoule, kurde et autres, chaque cortège, chaque tract chantant les louanges de leurs leaders respectifs, bourgeois radicalisés ignorant tout, pour la plupart des « plaisirs » du travail salarié.

Insulte à l’histoire du mouvement ouvrier, il y eut cette présence abjecte des marxistes-léninistes turcs du TKP, effrayante plongée dans les pires films de propagande albanais ou chinois : musique militaire, portraits gigantesques des vieilles momies sanguinaires idolâtrées, Lénine, Mao et Staline, défilé de jeunes enfants et d’adolescents, alignés comme pantins en uniforme, marchant au pas cadencé, sur ordre d’« instructeurs » fanatisés.

Anniversaire de Mai 68 oblige, il y eut, impudeur extrême, cet énorme faux pavé sur la camionnette des métallurgistes de la CGT, qui surent il y a trente ans terminer une grève et obliger les entêtés à ne pas la prolonger.

Il y avait, heureuse incongruité dans ce spectacle triste à pleurer, la petite forêt des drapeaux rouge et noir de la CNT, notre présence sur le côté, des cris de liberté jetés à la face du syndicalisme anesthésié et des agités d’une pensée empaillée. Un petit rayon de soleil dans la grisaille d’un 1er Mai.

Floréal