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Clermont-Ferrand

Chômeurs, sans-papiers, SDF… seule réponse la matraque !

Le jeudi 14 mai 1998.

Le mardi 21 avril était une journée d’action nationale du mouvement des chômeurs en direction des transports dont la gratuité est toujours remise aux calendes grecques (sauf pour quelques supporters des jeux du cirque mondial qui pourront gambader librement en Ile-de-France).

À Clermont-Ferrand, l’opération bus gratuit décidée par AC !, le mouvement des chômeurs et la CNT-AIT se vit stoppée net par un chauffeur zélé qui refusa de démarrer, et la quinzaine que nous étions dut se contenter d’un nez à nez avec les contrôleurs, les flics et le directeur de la T2C. Ce dernier, dans un souci d’intégrité, préféra bloquer le bus à l’arrêt et mettre dans la mouise ses clients, qui à cette heure là, se rendaient au travail, manière habile de faire passer les sans emploi en lutte pour des gêneurs qui deviennent insupportables. Mais l’impact médiatique que provoqua ce chambardement fût plus important que prévu et la SMTC (Syndicat mixte des transports en commun), qui persiste dans son mépris face à nos doléances, devra forcément s’incliner, un jour ou l’autre, et admettre l’urgence de la gratuité.

Matraqués, menottés

Loin d’en avoir fini, il nous restait à élargir les revendications à la SNCF pour l’après-midi et c’est dans le train de Paris de 13 h 14 que s’embarquait la même équipe que le matin. Mais à l’heure du départ, on constatait que les pontes de la SNCF (prévenus par les RG), cravates au vent, s’agitaient nerveusement sur les quais, assistés (hasard ?) de M. Virgoulay, l’adjoint au maire (coco) dont le sourire sarcastique ne présageait rien d’enchantant. En effet, au dernier moment, les tabasseurs assermentés déboulèrent pour nous éjecter avec la violence qui les caractérise, et leurs acolytes nous accueillaient sur le quai. Matraqués, menottés pour certains d’entre nous, insultés puis traînés jusqu’au car sous les regards outrés des voyageurs. Deux heures plus tard, tout le monde était relâché mais l’un d’entre nous, après avoir eu le visage tuméfié, se vit, comble de la démesure, inculpé de rébellion, insulte à agent et tentative de délit de fuite (le procès du 11 mai est repoussé à une date ultérieure). Voici donc le constat d’une journée que l’on voulait pacifique mais déterminée.

Suite aux violences déjà subies depuis le début du mouvement, les cogneurs ont atteint ici le sommet. 15 jours auparavant, les nomades subissaient le même sort. Qu’en sera-t-il pour les sans-papiers qui occupent actuellement l’église Jeanne-d’Arc, que la préfecture laisse croupir ? Comme seule réponse, le gouvernement abuse de la répression, et avec la coupe du monde qui vient, il faut s’attendre encore à du matraquage. L’Europe du fric ne nous concocte pas non plus un avenir radieux, l’internationale des capitalistes, soutenue par la gauche plurielle, élabore un fascisme grandissant sous le couvert démocratique.

Il est urgent de consolider les luttes dans l’unité en passant à l’action directe, seule perspective efficace pour l’édification de jours meilleurs.

Des chômeurs de Clermont