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éditorial du nº 1470

Le jeudi 22 mars 2007.

Prôner l’abolition des frontières, cela semble « utopique » pour bien des gens. Si vous lisez ce journal, alors sûrement rejoignez-vous les anarchistes dans ce combat contre les nationalismes et pour le respect de la dignité humaine. Cette lutte, surtout quand il s’agit d’immigration, est bien loin d’être gagnée.

Le ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration que nous propose Nicolas Sarkozy, s’il est élu, est loin de nous réjouir.

Être français… ce n’est qu’une question de circonstances. De même que nous n’avons jamais signé le contrat social qui nous fut imposé dès notre naissance, nous n’avons jamais décidé de notre nationalité, celle enregistrée à l’état civil. Certains ont, à la rigueur, eu à choisir entre la peste et le choléra en fuyant leur pays d’origine. Personne ne s’est encore installé sur un paradis terrestre, tout simplement parce qu’il n’existe pas, ni ici, ni ailleurs, ni « au-delà ».

Mais ne diabolisons pas l’actuel ministre de l’Intérieur et candidat à la présidence de la République, ses concurrents ne valent pas mieux. Derrière leurs discours les plus hostiles (c’est un euphémisme, bien sûr) et les plus humanistes (c’est une hyperbole, bien entendu) au sujet des immigrés et des futurs immigrants, se cachent toujours les frontières fermées, ou prêtes à leur claquer au nez. Vouloir régulariser les sans-papiers est une chose. Abolir les lois xénophobes qui permettent la chasse aux immigrés et justifient le contrôle à répétition de ceux qui ne sont pas blanc de peau en est une autre.

Quant à abolir les frontières, ce n’est pas « au programme »… De toute façon, ce dernier n’engage en rien celui qui le propose.

« On ne peut accueillir toute la misère du monde », nous dit-on. Pourtant, les plus nécessiteux de la Grèce et du Portugal ne se sont pas rués en Scandinavie malgré une relative liberté de circulation permise en Union européenne. L’immigré ne vient pas prendre le pain de la bouche des Français, il vient participer à la production, c’est tout.

Qui plus est, s’il est sans papiers, il le fera « à la sueur de son front », constamment sous la pression du « négrier », de la police qui passe, de l’éventuel délateur qui le regarde du coin de l’oeil…

Pour faire croire qu’ils n’appliqueront pas de simples lois xénophobes (car elles discriminent l’individu en fonction de son origine), les candidats, toutes tendances politiques confondues, plaident pour un « co-développement ». Mais nous avons compris le sousentendu, tout sera fait en sorte que les étrangers ne viennent pas chez vous… Par conséquent, leur combat n’est pas le nôtre.

Personne n’est illégal !