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éditorial du nº 1477

Le jeudi 10 mai 2007.

DÉPITÉS ! La majorité des Français est, ce dimanche soir, à l’heure où nous bouclons ce numéro, dépitée de voir l’avocat aux dents longues arriver au pouvoir et au sommet de sa carrière.

Telle est leur démocratie, la règle du jeu de l’élection au suffrage universel direct à deux tours. En effet, monsieur le comte de Naguy Bocsa a obtenu un score très nettement supérieur aux 50 % plus une voix qui lui était nécessaire pour parvenir à la chefferie de l’État.

Ce processus électoral entraîne que — alors qu’au premier tour à peine un quart des inscrits sur les listes électorales voulaient se donner comme maître le leader de la libéralisation sans entrave — celui-ci se retrouve élu.

Ne nous leurrons pas, l’arrivée d’un nouveau président de la République n’a jamais changé fondamentalement notre condition d’exploités, et Ségolène Royale, sa partenaire, telle que l’a qualifiée notre nouveau président, serait-elle arrivée en première position que cela n’aurait pas changé grand-chose au sort qui nous est réservé.

L’espoir que certains ont mis à faire barrage à la droite pour mettre la gauche à sa place a été déçu. Et maintenant, la question qui se pose est : où va se canaliser l’énergie de ceux qui, massivement, ont cru que ces élections pouvaient changer leur vie ? Vont-ils, naïvement, reporter leurs espérances vers les prochaines législatives, pour encore remettre à d’autres le soin d’exécuter ce que eux seuls peuvent réaliser ? Ou enfin réaliseront-ils que les bouffons qui nous gouvernent ne représentent qu’eux-mêmes, et que si nous voulons que le monde bouge, il est temps que nous prenions nos propres affaires en main.

Ce n’est qu’en nous organisant nous mêmes, dans nos quartiers et dans nos entreprises, que nous pourrons créer une véritable résistance à la domination que nous font subir les maîtres de la finance et les politiciens.

Ce n’est pas par dogmatisme que les anarchistes appellent à déserter les urnes, mais bien parce que l’expérience nous a montré que les élections n’ont jamais changé quoi que ce soit dans l’ordre exploiteur-exploités.

Le troisième tour social n’étant pas à l’ordre du jour des leaders des organisations syndicales, c’est bien à la base de décider enfin que ça suffit.