« Depuis que j’ai cessé de boire, je ne parle plus avec les morts et ma vie devient un désert. »
Théophile, Petites nouvelles du front qui plisse mais ne se rompt pas, 1992.
Il aurait fait du micro-trottoir au bord de la mer comme au sommet de l’Everest. Tant chaque signe, chaque son lui faisait aussitôt battre la paupière et dresser l’oreille. Ainsi chansons, littérature, poésie, théâtre, peinture… durant plus de dix ans au micro de Radio libertaire. Lundi, 16 heures. Théophile. Et « Les Chroniques de l’ozone », émission pertinente, impertinente. Jamais inféodée. Condition sine qua non. Voix de rogomme. Irréductible. Qui, authentique, fleurait bon l’opiniâtre, le fidèle, la gueule de loup, l’anarchie à la brume, au couteau, et les nuits blanches : l’amitié ! Qui, experte en déraison, avait roulé aussi. Cabarets. Livres. Disques. Grand prix de l’humour noir… Jusqu’à cet odieux silence du lundi 4 mai. Silence sans Dieu ni maître. Qui oserait en douter ? Vent de vide sur 89.4…
Jehan Van Langhenhoven