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Civaux

La Vitrine technologique du XXIe siècle défaille !

Le jeudi 11 juin 1998.

Pendant les manifs de la fin 1995 on se souvient que la CGT-EDF avait qualifié la centrale nucléaire de Civaux (près de Poitiers) de vitrine technologique du XXIe siècle, voulant montrer ainsi le consensus allant de l’État aux travailleurs sur cette question du nucléaire, pourvoyeur d’emplois.

En fonctionnement depuis quelques mois cette centrale a connu plusieurs incidents très mineurs. Mais ces incidents qualifiés de minimes servaient à faire de la propagande sur la transparence de l’industrie nucléaire, « vous voyez même quand une ampoule défaille, vous êtes au courant ».

Dans le même esprit un exercice grandeur nature avait été réalisé le 9 décembre 1997, avec déploiement de gendarmerie, cellule de crise à la préfecture et médiatisation à outrance.

Mais la nuit du 12 au 13 mai 1998 a vu se produire un incident de niveau 2 (sur une échelle de 7), en réalité ni plus ni moins qu’une fuite d’eau sur le circuit de refroidissement du réacteur nº 1 (à l’arrêt). On est fier d’apprendre qu’un incident de ce type est une première en France. Un ouvrier de la centrale a quant à lui reçu l’équivalent de la dose limite annuelle. Les 300 m³ qui se sont échappés par la fissure de 18 cm de long sur 2 à 3 millimètres de large sont retenus dans des bassins prévus à cet effet. Mais des interrogations demeurent, que se serait-il passé si cela s’était produit, il y a quelques semaines pendant le fonctionnement du réacteur ? Qu’en est-il des autres soudures ?

On nous prendrait pour des cons ?

Le plus hallucinant est que cet incident de niveau 2, classé niveau 1 les premières heures, n’a pas vu le déclenchement d’un plan quelconque vis-à-vis de la population, même le préfet de région a été tenu à l’écart et prévenu que le lendemain matin, alors les habitants…

Les jours suivants nous avons appris (Nouvelle République, 29 mai) que le cœur de la centrale allait être déchargé pour des analyses plus poussées sur le circuit de refroidissement qui présente des micro-fissures. La centrale de Chooz dans les Ardennes, de même génération va subir les mêmes manipulations et analyses. Même la presse locale qualifie l’incident d’inquiétant, parle de malaise, d’incident invraisemblable… ce qui n’est pas fait pour nous rassurer.

La machine étatique a maintenu coûte que coûte la construction et la mise en service de cette centrale du dernier cri qui en plus ne correspond à aucun besoin énergétique. Il s’agit en réalité de montrer ce que la France est capable d’exporter. Habitants proches de la centrale nous avons la désagréable impression d’être des cobayes pour le bien du commerce extérieur.

Après la centrale, on veut nous imposer l’enfouissement de déchets radioactifs via la construction d’un laboratoire de recherche dans le sud du département de la Vienne. Nous devons réclamer l’arrêt définitif de cette centrale de Civaux et refuser l’enfouissement des déchets à La Chapelle Bâton (ni ici ni ailleurs mais autrement !). Cet incident doit nous permettre de relancer le débat sur l’industrie nucléaire en France, sur ses dangers et sa logique libérale.

À l’heure où certains décideurs économiques hésitent à se relancer dans le renouvellement du parc nucléaire (tant mieux), faute de perspectives de profits assez juteux, forçant ainsi le lobby nucléaire à des campagnes de publicité massives, il convient de s’inquiéter de ce que va devenir l’industrie électronucléaire vieillissante et les déchets, et qui va payer ? Ceux qui ont réalisé des profits, ou tous les autres ?

Cyrille
liaison Sud Vienne


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