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éditorial du nº 1128

Le jeudi 18 juin 1998.

Ainsi donc, la région Rhône-Alpes, présidée par Ch. Millon, est devenue un des laboratoires du nouveau pôle politique, à savoir l’alliance droite-extrême droite. Les conséquences n’ont pas tardé à suivre et tout dernièrement la culture fait les frais de cette nouvelle situation. L’attribution des bourses à l’étranger pour 3 233 étudiants a été pour l’instant rejetée ainsi que, définitivement, des subventions pour Rhône-Alpes Cinéma, pour des organismes culturels ou pour des mesures concernant la politique de la Ville. Le FN a voté contre, bien sûr, mais également la gauche plurielle (PS, PC, Verts) qui, par principe, refuse de faire marcher le Conseil régional. Cette démarche « antifasciste » de la gauche mérite réflexion car elle illustre très bien les critiques que nous formulons à son adresse. À savoir, d’une part, diaboliser le FN pour s’en servir et faire ainsi oublier la gestion de l’État. D’autre part, combattre le fascisme de façon purement électoraliste ce qui ne fait rien sinon semer un peu plus le doute, apporter le dégoût de la politicaillerie, donc renforcer le FN.

En effet, nos conseillers régionaux de gauche cumulards de service au niveau des mandats, possédant voitures et appartements de fonction, paradant dans divers cocktails, n’hésitent pas à emprunter le titre de résistants. De même, la nomination de Pierre Vial (fondateur du GRECE et « penseur » du FN) comme vice-président de la commission culture a été exagérée par la gauche. En effet, de 1992 à 1998, ce triste sire détenait déjà ce poste et huit autres frontistes avaient également des vice-présidences. À cette époque, nos antifascistes ne se mobilisaient pas. Certes maintenant, il y a une nouvelle donne, mais c’est justement parce que la gauche ne peut plus électoralement faire le poids qu’elle se bouge. Triste manière de combattre le fascisme rampant. Sa position de principe consistant à voter négativement contre tout se fait au détriment des jeunes et des artistes qui luttent justement contre le FN ! La gauche plurielle n’a même pas discuté avec eux de cette stratégie. Il est vrai que la démocratie directe est une notion inconnue pour elle. Dernièrement, le PCF a décidé d’arrêter cette « politique du pire » et votera désormais avec Millon sur certains dossiers. Ce retournement lié au mécontentement des artistes et des étudiants montre bien la fragilité du front antifasciste électoraliste. Le FN doit bien rigoler, d’autant plus qu’il est prêt à revenir sur certaines de ces décisions, façon de troubler un peu plus le jeu « démocratique ». Nous n’oublierons pas non plus le front républicain des huit principaux maires de la région (quatre de gauche et quatre de droite), emmenés par Raymond Barre, et qui sont soucieux « de l’image et de l’avenir de Rhône-Alpes ». C’est vrai qu’avant les régionales, tout était tellement mieux !