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éditorial du nº 1129

Le jeudi 25 juin 1998.

Coupe du monde oblige, les politiciens nous avaient prévenus. Pendant un mois, ils allaient se tenir à carreau. Sur le banc de touche. Que nenni ! Des promesses, tout ça ! En quelques jours, ils se sont rappelés à notre bon souvenir et sont montés à l’attaque. Dans un premier temps, c’est Balladur qui, ayant suffisamment fait la potiche, sortait de sa réserve et évoquait la possibilité de voir le Front national participer à une commission sur la préférence nationale.Il a été immédiatement botté en touche par ses amis politiques, Séguin, Pasqua et consorts. La droite n’en a pas fini de se fissurer de part ses rapports d’avec le FN et certains de souhaiter de plus en plus une banalisation du parti d’extrême droite.

Pendant ce temps, la gauche plurielle n’est pas en reste de ce côté-là. En acceptant de voter, pour la plupart, la loi avançant au 14 juillet l’ouverture de la chasse à certaines espèces, la gauche n’a fait que conforter certains de ses électeurs. Le lobby pro-chasse est encore promis à un bel avenir. Et ce n’est sûrement pas en gesticulant comme l’ont fait les députés Verts que cela changera. En acceptant d’entrer dans un gouvernement dit pluriel, il fallait bien qu’ils s’attendent à ce que celui-ci souffle le chaud et le froid. La logique électoraliste n’a pas de vertu. Alors, qu’attendent-ils pour démissionner ? Mais ce n’est sûrement pas la cohérence qui va les étouffer. Et sûrement pas ces « peccadilles » réactionnaires et fascisantes qui vont les faire sortir du terrain. Laissons-les jouer entre eux, se faire des croc-en-jambe et autres croche-pieds. La course après le pouvoir ne nous intéresse pas. Par contre, ce qui nous intéresse, c’est ce que vient de publier Amnesty International. Le rapport 98 d’Amnesty vient nous rappeler que si « la France accueille le monde », les États présents ne sont exempts ni de torture, ni de détentions sans inculpations et ni de procès iniques. En France comme ailleurs, la liberté d’expression est bafouée. Le Monde libertaire, Radio libertaire, outils de la Fédération anarchiste, sont en butte aux procès. Des poursuites judiciaires sont engagées contre des objecteurs de conscience. Les peines concernant des bavures policières sont parfois ridicules.

Il est grand temps de résister, afin de pouvoir renverser cette logique sinon dans quelques temps, on pourrait faire dire à Descartes (comme le fait Amnesty) : « je pense donc je suis… en prison ».