Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1131 (10-16 sept. 1998) > [La Tête et les jambes]

Faits d’hiver

La Tête et les jambes

Le jeudi 10 septembre 1998.

Samedi 29 et dimanche 30 août 1998 a eu lieu à la Genétouze (Charente-Maritime) la 21e foire aux célibataires.

Des milliers de pauvres hères y sont venu chercher l’âme sœur ou frère dans le cadre d’animations de toutes sortes dont la « célèbre » dégustation de crème chantilly sur seins nus. On voit le genre !

Daniel Cohn-Bendit — rendons lui cet hommage — n’a pas honoré cette foire de merde de sa présence.

Il est, en effet, des solitudes politiques (ex manière d’anarchoïde, actuel manière de radical-réformiste et futur ex réformiste-radical) qui ont encore (mais jusqu’à quand ?) les moyens de ne pas fréquenter les assommoirs de la misère qui collent depuis toujours aux sabots du petit peuple et qui peuvent se faire des plans à la hussarde au petit bal des demoiselles de la légion du déshonneur.

Les Verts, c’est un fait, sont actuellement dans l’rouge de leurs contradictions et, réalisme gouvernemental pluriel oblige, sont en mal de leader charismatique (on ne peut pas à la fois gouverner et faire rêver) pour les prochaines élections européennes.

Daniel Cohn-Bendit, quant à lui, est dans l’vert depuis si longtemps que même ma mère (alias mamy et ses célèbres glaces) se demande dans quel film rouge et or de y’a pas trop longtemps il avait bien pu jouer.

Alors, entre le fauteuil roulant écolo-réformiste-pluriel et le dandy des gadoues, une main aux fesses devrait suffir pour sceller un mariage de « raison ». Qu’on se le dise, Dany le rouge sera, donc, la tête de liste des écolos franchouillards aux prochaines élections européennes.

Jadis, lors d’un printemps trop bref, les mauvaises langues de cette année 1968 aimaient à dire que l’image d’Épinal Cohn-Bendit ne valait que parce qu’il y avait d’un coté la tête (Gaby, le frère aîné) et de l’autre les jambes (Dany, dit le rouge).

Que les jambes, dont c’est peu dire qu’elles sont devenues flageolantes avec les années, se mettent aujourd’hui à croire qu’il suffit d’être tête de liste aux élections européennes sur la liste verte pour devenir une tête, a quelque chose de pathétique. De ce pathétique-tac-tic-tac qui fait le sapin de toutes les pendules de toutes les vieillesses et de leurs pauvres petits trottinements à l’enterrement d’un plus vieux ou à la crémation d’une plus laide.

Elections, piège à cons, qu’y disait !

Jean-Marc Raynaud