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Sur la bonne voie pour les transports gratuits

Le jeudi 17 septembre 1998.

Décidément, les chômeurs et précaires en lutte ne désarment pas. Le Monde libertaire se demandait dans son numéro d’été si les Grains de Pollen fleurissent au printemps, il semble en tout cas qu’ils donnent quelques fruits en été.

La dernière coordination des collectifs indépendants des chômeurs, précaires et solidaires a désigné le collectif d’Évreux « Grains de Pollen » pour collecter les avis d’infraction SNCF, les retourner au ministère des Transports au rythme d’un paquet mensuel accompagné d’une lettre annonçant au ministre que les chômeurs et précaires, fatigués de quémander, avaient décidé de prendre… le train gratuitement en précisant, fort justement, que la place n’y manque pas.

En venant eux-mêmes livrer les premiers avis d’infraction au ministre le 11 août, ils ont été reçu et sont repartis avec la promesse d’une rencontre courant septembre. Espérons qu’ils ressortiront avec la gratuité pour toutes les personnes disposant d’un revenu inférieur au SMIC hors allocations familiales comme ils l’exigent. Dans le cas contraire, la campagne continuera en s’intensifiant jusqu’à obtenir ce qui n’est que justice.

« Ils ont la force, mais nous avons le temps » me confiait en souriant l’un des membres de Grains de Pollen. La coordination des collectifs indépendants et Grains de Pollen vous invitent donc à participer à cette campagne en ne payant plus le train [1].

Le premier colis est déjà amnistié, gageons que cette aumône soit un bon présage. Les anarchistes ne peuvent que soutenir cette campagne qui s’inscrit dans un large mouvement de protestation, de désobéissance, de harcèlement social et de réflexion pour construire demain. Elle met en application d’une façon originale et non violente les principes d’action directe et met le doigt sur une question qu’il faut bien soulever. celle des services publics. Peut-il y avoir vraiment des services publics et sociaux dans une économie de marché ?

Nous le voyons, plus la classe possédante gagne du terrain, plus les services en perdent (le mouvement de 1995 en sait quelque chose…).

Les riches n’ont pas besoin de services publics sociaux. Ils ont besoin de services, certes, mais ils peuvent payer. Et pourtant, rien n’est à eux !

Une société libertaire aura obligatoirement besoin de services publics. Ils devront être efficaces, utiles et gérés par les usagers et les ouvriers [2] de ces services. Nous devons déjà en jeter les bases et les imposer… si nous sommes assez nombreux à le vouloir.

Revendiquons la gratuité des services pour toutes et tous ! Dénonçons l’État incapable et invisible !

Mêlons-nous enfin de ce qui nous regarde !

Bruno Daraquy


[1Mode d’emploi : Photocopier 2 fois l’avis d’infraction. Garder une copie. Envoyer l’original et la seconde copie à Grains de Pollen, 1, rue Isambard, 27000 Évreux.

[2J’emploie volontairement ce mot dans son sens noble : ouvrier — celui qui œuvre.