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Rappel des faits

Le jeudi 1er octobre 1998.

Le 21 juillet, à 7 heures du matin, des fonctionnaires de l’Office des Étrangers embarquent Sémira Adamu, sans en avoir préalablement averti son avocat, pour l’emmener à Zaventem et procéder à son expulsion du territoire. Par chance, Sémira réussit à entrer en contact avec le Collectif Contre les Expulsions, créé le 20 avril 1998, qui décide de suivre son cas de près.

Ce 21 juillet donc, Sémira Adamu est conduite manu militari à l’aéroport. Mais c’est sans compter avec le Collectif qui, comme chaque fois qu’un vol pour Lomé (Togo) est annoncé, est présent pour tenter de convaincre des passagers de s’opposer au décollage dès lors qu’une personne entravée se trouve sur le vol. Et de fait, une passagère refuse de s’asseoir tant que Sémira n’aura pas quitté l’avion… Et celle-ci est ramenée au 127 bis.

Le soir même, toujours à l’appel du Collectif Contre les Expulsions, une cinquantaine de personnes participent à une manifestation de solidarité aux flambeaux devant ce centre fermé au cri de « Liberté pour les sans-papiers ». Les détenus se mettent à chanter et à crier à l’unisson, ce qui a pour résultat de faire sortir les gardiens de leurs gonds et de les rendre violents. Face à ces actes de violence, des détenus commencent à briser des fenêtres et quelques dizaines d’entre eux s’évadent par des ouvertures sectionnées dans les grillages. Si plusieurs sont repris le soir même, une vingtaine ont réussi à retrouver la liberté et sont toujours aujourd’hui dans la clandestinité.

Outre cette évasion spectaculaire, la soirée s’est soldée par la garde à vue de 17 membres du Collectif dont sept ont été déférés devant le juge d’instruction et inculpés sur base de l’article 77 de la loi Vande Lanotte qui criminalise toute aide à des personnes en séjour illégal…

Cette action d’éclat du 21 juillet a eu la chance aussi de bénéficier d’une large couverture médiatique, ce qui a provoqué un nombre considérable d’appels et de manifestations concrètes de soutien émanant tant d’associations que de personnalités et de simples citoyens outrés par la politique d’internement et d’expulsion de notre pays.

Le mouvement contre les centres fermés et contre les expulsions était bel et bien relancé. Tant et si bien d’ailleurs que le 1er septembre, le Collectif de résistance aux centres pour étrangers, créé après la manifestation du 1er mars à Vottem, donnait, devant les grilles du centre fermé du même nom (le premier en Wallonie) — dont la rue où il est situé a été symboliquement rebaptisée rue du camp de la honte devant les caméras de télévision — le signal d’une campagne de protestation d’un mois dont l’aboutissement sera la manifestation nationale du 4 octobre à Liège en attendant celle annoncée pour la fin de l’année devant les six centres fermés du pays.

Babar
groupe Alternative Libertaire (Bruxelles)