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À la petite semaine

Clémence

Le jeudi 8 octobre 1998.

« Elle s’en tire bien ! ». Au café du Commerce, où trône l’Opinion, c’est là le commentaire le plus communément répandu, à l’annonce du verdict condamnant Florence Rey à vingt ans de réclusion.

On nous permettra ici, avant de partager ou non cette appréciation, de jouer une nouvelle fois à l’instructif petit jeu des comparaisons et d’attendre l’issue du procès — si procès il y a — de ce policier tarbais auteur lui aussi d’un mini-rodéo nocturne et sanglant, anti-mendicité, qui le fit assassin pour une cigarette demandée.

Car quelque chose nous dit, comme une espèce d’intime conviction, que ce monsieur s’en tirera encore mieux. Cette intuition, bien sûr, ne se fonde sur rien de sérieux. Que jamais cour d’assises ne vit au banc des accusés l’ombre d’un policier meurtrier ; que jamais « bavure » homicide n’entraîna pour son auteur trente, vingt, dix ou même deux ans de prison ; qu’au chapitre des crimes impunis « ratonnade » et « charonnade » cherchent encore aujourd’hui un semblant de coupable à képi ; non, rien de tout cela ne saurait nous amener à penser que ces gens-là non seulement tirent « bien » mais s’en tirent toujours bien.

La clémence, la vraie, c’est d’expédier pour vingt petites années une jeune femme en prison quand elle en méritait trente pour n’avoir tué personne et jamais endossé d’uniforme.

Floréal