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Mobilisation lycéenne à Montpellier

Le jeudi 15 octobre 1998.

Cela fait maintenant une quinzaine de jours que plusieurs lycéens de la région Languedoc-Roussillon ont cessé les cours et se retrouvent pour manifester leur mécontentement à Montpellier. Leurs principales revendications concernent en premier lieu des manques de moyens engendrant des conditions de travail précaires : classes surchargées, insuffisance de profs, de matériel pédagogique, de locaux. La semaine dernière, 3 000 lycéens, rejoints par des enseignants et des parents d’élèves, ont manifesté dans la capitale régionale.

Face aux questions posées, le recteur d’académie de Montpellier ne répond pas grand-chose. Il propose seulement de répondre à l’urgence des revendications par une visite des différents établissements pour recueillir les demandes des élèves, histoire de calmer le jeu.

Fermeture d’établissement

Manifestation lycéenne

Seulement les choses ne se déroulent pas comme il le souhaiterait, la mobilisation reste intacte et s’étend même de jour en jour. De nouvelles revendications émergent, remettant en question la présence du FN dans les conseils d’établissements et demandant une prise de position du recteur.

La tension monte et vendredi 9 octobre, certains établissements (Mas de Tesse, Joffre, Clemenceau, Mermoz) ont vu quelques incidents (vitres brisées, dégradation d’une cafétéria, etc.). La réaction du recteur ne s’est pas fait attendre : il décide de fermer les établissements de Montpellier, Castelnau-le-lez et Lattes jusqu’au mardi 13 octobre et va même jusqu’à passer des accords avec la préfecture pour autoriser les forces de l’ordre à intervenir dans les lycées. La démesure des décisions prises par le rectorat et la préfecture pour des incidents somme toute minimes s’inscrit clairement dans une stratégie de briser le mouvement des lycéens. Pas de grande surprise, puisque la tactique du gouvernement semble être, comme l’a rappelé Jospin, de ramener l’ordre, d’exercer un contrôle social toujours plus fort et donc d’étouffer toute forme de contestation, qu’il s’agisse des lycéens, des sans-papiers ou des chômeurs.

Ainsi, face aux revendications, essentiellement d’ordre matériel, la gauche plurielle préfère le déploiement de force et la répression. En effet, une importante mobilisation de CRS a lieu chaque jour de manifestation à Montpellier, trois mineurs ont été interpellés, des lycéens ont été empêchés par la police de prendre le train pour rejoindre une manif et un sit-in a été chargé par des forces de l’ordre à moto. À cela s’ajoute le discours bien connu des médias, déjà trop entendu lors des événements anti-CIP et en novembre-décembre 95, qui veut que les « casseurs » soient des éléments étrangers à la mobilisation lycéenne, qui favorise en cela la division du mouvement et justifie les interventions musclées de la police, pour la plus grande satisfaction du recteur.

Claude Allègre a beau affirmer que cette rentrée 98 s’est déroulée sans problème, ses déclarations ne suffisent pas à couvrir la réalité des situations. Aujourd’hui, la mobilisation lycéenne commence à s’étendre à d’autres villes dénonçant à leur tour, de manière implicite, les contradictions de l’Éducation nationale (manque de profs mais des enseignants stagiaires et des maîtres-auxiliaires sans affectation, etc.). À nous de dépasser le cadre des revendications matérielles pour reposer la question plus globale de l’enseignement et de l’éducation que nous voulons.

Stéphanie
groupe Un autre futur (Montpellier)