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Lyon

Forte mobilisation contre l’alliance Millon-FN

Le jeudi 15 octobre 1998.

Manifestation contre les accords Millon-FN

Près de 20 000 personnes ont défilé durant plusieurs heures dans les rues de Lyon le samedi 3 octobre afin de dénoncer la gestion du conseil régional Rhône-Alpes par la coalition de la droite de Million avec le Front national. Une manifestation d’ampleur régionale puisque de nombreux bus sont venus de tous les départements environnant. L’enjeu dépassait même le contexte régional en faisant office d’exemple et de première manifestation test pour l’ensemble des régions gérées par des alliances droite/extrême-droite. C’est ce qui explique la présence de certains notables d’envergure nationale tel Jack Lang du Parti socialiste qui jouait des coudes derrière la banderole de tête afin d’être bien en vue des journalistes. Tout ce que la gauche compte de plurielle, des associations antiracistes gnan-gnan (SOS Racisme en tête) et humanistes aux syndicats en passant par les partis politiques de la l’alliance gouvernementale (PS, PRS, MDC, Verts, PCF) à l’extrême-gauche, s’étaient donné rendez-vous derrière le très unitaire « Millon démission ! ». Déjà le matin même, lors des forums organisés par le comité de vigilance contre l’extrême-droite à la Bourse du travail et où près de 700 personnes étaient présentes, un des organisateurs se félicitait « d’avoir appris à des gens plutôt conservateurs à travailler avec des gauchistes, des novices en politique avec des élus ». En effet, se côtoyaient dans le même dynamique des élus RPR en rupture avec Million et des militants trotskistes de la LCR. L’arc républicain est vraiment très large lorsqu’il s’agit de la lutte pour le pouvoir !

Contre le fascisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire !

Placé en milieu de manifestation, un important bloc libertaire composé des cortèges du Scalp-Reflexes, de l’Union régionale Rhône-Alpes de la Fédération anarchiste, de la CNT et auxquels s’était joint le comité indépendant de chômeurs ainsi que les sans-papiers était là pour rappeler que nous ne sommes pas dupes, derrière les proclamations antifascistes affichées, de la lutte pour le pouvoir menée par la gauche au niveau régional ainsi que de sa politique économique et sociale désastreuse sur le plan national.

Bien sur, l’arrivée de fascistes notoires au pouvoir ne peut laisser personne indifférent. Les anarchistes ne sous-estiment pas les régressions sociales que le FN impulse dès aujourd’hui à Vitrolles, Marignane, Orange et Toulon. Il est clair que la présence du FN dans les conseils régionaux de quatre régions ne peut que démultiplier ses capacités destructrices de tous liens sociaux et de solidarités. Pour autant nous sommes convaincus de l’incapacité de la droite comme de la gauche plurielle à développer une dynamique sociale pouvant éradiquer cette gangrène. Leur responsabilité dans le développement des injustices et des inégalités économiques et sociales est trop évidente. C’est pour cela que nous avons rappelé au cours de cette manifestation que la lutte contre le FN c’est aussi un combat contre toutes les lois racistes qui se concrétise par une solidarité active avec les sans-papiers. Une lutte globale contre la précarité et la misère générées par le système capitaliste et qui font le lit du fascisme.

Soutien au Monde libertaire

Mais cette manifestation était aussi, pour les militants de la Fédération anarchiste la bonne occasion de rappeler à tous les ennuis que connaît notre hebdomadaire, le Monde libertaire, et les écarts entre le discours et la pratique du Parti socialiste. Comment pouvait-il être plus facile de mettre mal à l’aise les militants du PS, qui s’étaient mobilisés en nombre, que de leur rappeler qu’alors qu’ils défilent contre le FN un membre de leur parti aide à la construction d’une chapelle intégriste à Noisy-le-Grand et attaque en justice ceux qui dénoncent cette pratique.

Pour cela une immense banderole fut déployée, avec distribution d’un supplément au journal consacré en partie à l’affaire, tout du long de la manifestation et à la vue de tous les manifestants (voir photo de une). Si certains faisaient franchement la tête d’autres nous applaudirent et nous témoignèrent leur sympathie et leur soutien. Une bien belle journée pour le mouvement libertaire qui témoigna avec nombre et énergie qu’il fallait ne pas l’oublier dans la grande course à la transformation sociale.

David
groupe Durruti (Lyon)