Accueil > Archives > 2008 (nº 1500 à nº 1538) > 1523 (4-10 sept. 2008) > [éditorial du nº 1523]

éditorial du nº 1523

Le jeudi 4 septembre 2008.

On peut pas dire que ces semaines d’été passées aient été particulièrement ensoleillées, en tout cas pour nos coeurs libertaires : ce fut comme d’hab’ la prévisible averse de chasse aux sorcières – pardon – aux émigrés, d’augmentations tous azimuts, gaz, électricité, transports et une dégelée de décisions impopulaires par nature comme la privatisation de La Poste pour 2011 ou l’insupportable projet Edvige de fichage généralisé… Moindre service et plus-coûtant, remaniements de personnel, suppressions de postes, gel des salaires, foutage de gueule quant au pouvoir d’achat ! Ce furent comme d’hab’ les tartarinades du Bienfaiteur déhanché qui, pour plaire à son gourou « US » et poser — à ses pieds — en sauveur de la Civilisation, envoie la glorieuse armée française (ses godasses de cinq kilos et ses beaux treillis kaki bien visibles dans le désert) se faire ratatiner au bourbier afghan. Ce fut comme prévu la poursuite fastidieuse du Barnum électoral américain dont on n’a rien à cirer, noir démocrate ou blanc républicain, même libéralisme, mêmes guerres, même foi ridicule et meurtrière en la divine Croissance. Ce fut la poursuite encore plus fastidieuse du fastidieux feuilleton de l’université d’été du gentil PS, ses jeunes loups, ses vieux loups, ses promesses, son impuissance, son inutilité. Ce fut un jeu de massacre des populations du Caucase. Ce fut tout récemment l’annonce flamboyante du RSA financé par 1 % des éconocroques des bobos et des employés. Mais pas des vrais richards frileusement abrités sous le bouclier fiscal ou audacieusement planqués aux îles Caïman. Pour nous faire avaler ce sinistre brouet ambiant et son nauséeux condiment néolibéral, il nous en a fallu, cet été, avaler des titatas et sniffer des poudres aux yeux !

Ainsi pas plus tard qu’il y a quelques jours, sur Radio-Paris (ou Radio-Banane ou Radio-Goulag), la présentatrice aux actualités, avec un inimitable ton de fausse big-sister et de vraie lèche-train, n’a pas eu scrupule à chevroter la perle que je vous livre : « Puisque les actualités, c’est aussi du sourire et du bonheur… » et à réentonner sans rougir le couplet éculé de l’équipe de hand-ball et des merdailles olympiques dont on nous gave depuis des lunes. Au milieu de tout ce glauque, enfin, Besancenot fut, et son Parti anticapitaliste. Mains tendues aux déçus des PS et PC, aux trotskards bien sûr et même aux libertaires… Y’a pas que du pipeau dans tout cela, précise dans nos pages Philippe Pelletier ; mais nous n’oublions pas Kronstadt, les méthodes de Lénine et de Trotski. Faire la révolution, certes, mais sans délégation, sans confiance dans aucun meneur, bref en ne laissant personne gérer nos affaires à notre place.